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frères, Théodorik et son vieux compagnon d’armes, Hildebrand : comme ils refusent, elle s’adresse à Bléda, frère d’Attila ; celui-ci va chercher querelle aux Bourguignons et il est tué. Les guerriers huns s’avancent pour venger Bléda. Le Bourguignon qui l’a frappé est frère d’Hagen, il supporte quelque temps seul l’assaut des Huns, qui lancent tant de traits dans son bouclier, qu’il ne peut plus en supporter le poids. Cependant il combat toujours. Hagen arrive enfin à son aide, et la mêlée s’engage alors d’une manière terrible ; le féroce Hagen tue le jeune enfant d’Attila et jette sa tête dans le sein de sa mère. Les Bourguignons se retranchent dans une salle hors de laquelle ils lancent les corps de leurs ennemis, et sept mille morts roulent le long des marches de l’escalier jusqu’au milieu des Huns qui les reçoivent avec de grands cris. Vingt mille se présentent pour remplacer leurs frères ; les Bourguignons combattent encore, ils combattirent ainsi tout un long jour d’été. La nuit vient : épuisés de fatigue, ils demandent la paix et à racheter le dommage qu’ils ont fait. Les Huns sont prêts à y consentir, mais Chrimhilde les en empêche : « Ne les laissez pas sortir de cette salle, dit-elle, qu’ils y périssent tous. » Son plus jeune frère, Giselher, lui demande grâce : « Très belle sœur, dit-il, je me doutais bien peu que tu m’avais envoyé inviter au bord du Rhin pour me faire venir dans ce pays au sein de tant de maux. Qu’ai-je fait aux Huns pour mériter la mort ? — Je ne puis vous faire grâce, répondit-elle, on ne me l’a point faite. Hagen m’a causé une trop profonde peine. Pour cela, il n’y a point de rançon tant que je vivrai ; il faut que vous payiez tous pour lui. » Cependant elle ajoute : « Voulez-vous me donner Hagen seul en otage, et je vous laisserai vivre, car vous êtes mes frères, nous sommes les enfans de la même mère… » Les guerriers refusent, et Chrimhilde dit aux siens : « Que pas un ne sorte d’ici, qu’on mette le feu aux quatre coins de la salle ; ainsi seront vengées toutes mes douleurs. » On lui obéit, et on pousse dans la salle, à coups de traits et de glaive, ceux qui étaient encore à l’extérieur. Un des guerriers était tourmenté par la soif, Hagen lui cria : Si tu as soif, bois du sang. « Alors le brave s’en fut là où il trouva des morts. Il s’agenouilla