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ennemis, et en signe de triomphe grave, avec le glaive aigu, un aigle sanglant sur le dos du meurtrier de son père.

Puis il va sur la bruyère où veille le dragon Fafnir, se place sur la route du monstre, creuse une fosse profonde, s’y cache, et quand il passe auprès, lui perce le cœur avec son glaive, puis il s’élance de la fosse, et en ce moment, dit le texte, ils se regardèrent l’un l’autre ; alors s’établit, entre le monstre et son meurtrier, ce sombre et singulier dialogue.

Fafnir chanta.

Compagnon, jeune compagnon, de qui es-tu né ? De quel homme es-tu fils, toi qui as rougi ta brillante épée dans le sang de Fafnir ? Le glaive a pénétré jusqu’à mon cœur.

SIGURD.

Je m’appelle Sigurd. Mon père s’appelait Sigmund, je t’ai tué avec mes armes.

FAFNIR.

Qui t’a excité ? comment as-tu été excité à ravir ma vie. Jeune homme aux yeux étincelans, tu as eu un père farouche. Les oiseaux de proie se sont réjouis avant ta naissance.

SIGURD.

Mon courage m’a excité, mes mains m’ont aidé et mon glaive aigu. Rarement il devient brave et aguerri aux blessures celui qui tremble quand il est enfant.

FAFNIR.

Je te donne un conseil, Sigurd ; fais attention à mon conseil. Retourne promptement dans ta demeure ; cet or brillant, ces trésors étincelans causeront ta perte.

SIGURD.

Toi, tu n’as plus besoin de conseils, j’irai vers cet or qui est sur la bruyère ; mais toi, Fafnir, reste ici dans ton agonie jusqu’à ce que tu descendes chez Héla.