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REVUE. — CHRONIQUE.

donnent aux jeunes filles des fleurs de leur parterre ? Quel mal tout cela fait-il ? Était-ce besoin de disperser cette inoffensive association comme une émeute ? Fallait-il absolument envoyer là des commissaires de police et de la garde municipale ? En vérité, dans ce pays de toute liberté, il n’y a de liberté pour personne.

Cette longue série de faits épuisée, occupons-nous cependant un peu des nouvelles et des publications littéraires de cette quinzaine.

Nous avons eu d’abord Marc-Loricot, ou le petit Chouan de 1830[1], par M. Victor Ducange. L’aristocratie des lecteurs a peut-être tort de dédaigner, comme elle fait, cet écrivain. Ses in-dix-huit, grossièrement imprimés et fort mal mis, valent bien assurément beaucoup de nos fashionables in-octavo. Ce dernier roman par exemple, à cela près du style, dont l’incorrection et la trivialité sont impardonnables, ne manque pas en vérité d’un certain mérite. La fable en est intéressante et ses détails ont souvent de la grâce et de la vérité ; d’ailleurs M. Ducange conte avec décence et retenue. Ses scènes d’amour ne sont jamais effrontées et impudiques. C’est là ce qui le sépare tout-à-fait de l’école fangeuse de M. Pigault-Lebrun. Il serait bon cependant que M. Ducange se défît de l’habitude qu’il a de prendre à partie son lecteur et de causer avec lui ; car la conversation de cet auteur semble n’être alors nullement celle de la bonne compagnie. Mais voilà pourquoi sans doute vous trouvez partout ses livres sur les comptoirs et dans les antichambres. Cela fait en somme un succès très réel, quelque populaire et de mauvais ton qu’il soit.

Deux nouveaux petits volumes carlistes : Louise[2], soi-disant de madame la duchesse de G… et les Souvenirs de France et d’Écosse[3], par M. Jadin, viennent aussi tout récemment de se produire. En conscience, ceux-ci ne valent même plus

  1. Chez Ch. Gosselin.
  2. Chez Urbain Canel.
  3. Idem.