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UNE COURSE DE NOVILLOS.

une foule d’autres détails que je fus assez ingrat pour n’écouter et ne comprendre que très imparfaitement.

Lorsqu’il eut enfin achevé :

— Voilà sans doute une belle et profonde dissertation, me dit en souriant la marquise. Elle ne doit cependant point vous suffire. Il ne faut pas que vous manquiez d’assister à cette course annoncée pour demain. Il y a long-temps que je n’ai vu moi-même de novillos. Je ferai retenir une loge. Vous y viendrez, si vous voulez, avec nous. Les véritables aficionados, comme le marquis, honorent, il est vrai, rarement ces courses de leur présence ; mais mon mari nous accompagnera peut-être en votre honneur, et nous compléterons là, je l’espère, ensemble votre éducation.

— Je ne pourrai partir avec vous, mais j’irai, je vous le promets, vous rejoindre, dit le marquis, évidemment bien satisfait de voir sa femme s’intéresser si fort à la propagation de la science.

J’avais accepté l’offre de la marquise avec reconnaissance. — Je ne fus pas assez indiscret pour insister sur l’exécution de la promesse que son mari venait de nous faire.

— Ne manquez pas de me venir prendre demain à trois heures précises, me dit la marquise au moment où je me retirais.

Y manquer ! y manquer ! répétai-je, tout haut, ivre de bonheur, courant et sautant follement par les rues désertes de Madrid, en retournant à mon hôtel. Y manquer ! que dites-vous là, Piedad ? Quelle recommandation vous me faites !

Et je ne pus m’endormir que bien tard. Et une seule pensée me poursuivit toute la nuit, dans mon insomnie et dans mes rêves.