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STATUE DE LA REINE NANTECHILD.

langue et au moyen d’équivalens. Plus le dessinateur est distingué, plus il met à son insu du sien dans sa traduction, plus il l’empreint de sa manière. Ce n’est plus l’original, c’est du Saint-Ange ou du Delille. Le moulage, au contraire, qui ne peut avoir de prétentions pour son compte, est une empreinte exacte, une contre-épreuve authentique, une copie collationnée conforme, un fac simile. Quand le moulage est d’une bonne exécution, c’est-à-dire quand le moule est bien fait, que les coutures sont très fines, que le plâtre est bien appliqué, et serre le marbre d’aussi près que le vêtement de soie le plus étroit, alors les beautés les plus délicates, les plus légers défauts même de la pierre sont conservés. Moins l’impression que produit toujours la réalité monumentale, une figure ainsi moulée est la statue même.

Un de nos écrivains les plus distingués, qui aime les arts et qui s’en occupe autant par goût inné que par devoir, a émis récemment le vœu, dans un rapport au ministre de l’intérieur[1], que le gouvernement fît mouler en plâtre une partie des nombreux chefs-d’œuvre qui subsistent encore de notre sculpture nationale, et les réunît dans un musée spécial, non pas rangés par ordre de règne, comme on avait fait au musée des Petits-Augustins, d’ailleurs si regrettable, mais dans l’ordre chronologique de leur exécution. Ce serait là le meilleur atlas pour servir de preuves justificatives à une histoire de l’art en France au moyen-âge.

En attendant la réalisation de ce projet, dont nos enfans jouiront peut-être, la statue que M. Daniel Ramée vient de nous faire connaître, convaincra les plus incrédules qu’il existe une ancienne école de sculpture française qui mérite qu’on l’étudie.

Nous n’avons pas la prétention de donner une idée de ce morceau par une description. Si le dessin nous paraît insuffisant

  1. Rapport sur les monumens, les bibliothèques, les archives et les musées des départemens, par M. L. Vitet, une brochure in-8o, 1831.