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VOYAGE EN ANGLETERRE.

serviette, comme dans les hôtels de France ou d’Allemagne, et même dans quelques maisons particulières ; mais de véritables petits bassins de porcelaine chinoise, dans lesquels on peut plonger sans peine la moitié du corps ; par-là-dessus des robinets, qui vous livrent en un moment toute l’eau fluviale dont vous avez besoin, une demi-douzaine de larges serviettes, une multitude de grandes et petites fioles de cristal, un haut miroir incliné, des bassins de pied, sans faire mention de toutes les autres commodités anonymes de la toilette dans la forme la plus élégante. Tout se présente si commodément à vous, que dès votre réveil vous êtes saisi d’une véritable fureur de bain. Si l’on a en outre besoin de quelque chose, au bruit de la sonnette se présente aussitôt avec une profonde révérence une fille nettement habillée, ou un garçon dans le costume et avec la bonne façon d’un valet-de-chambre adroit qui prend vos ordres avec respect. Point de ces valets mal peignés, en veste écourtée et en tablier vert, qui vous demandent d’un air d’activité oiseuse, et d’un ton stupide et hardi : que veut monsieur ? ou : est-ce ici qu’on a sonné ? et qui se sauvent déjà en courant avant d’avoir bien entendu ce qu’on veut d’eux. De bons tapis couvrent le plancher de toutes les chambres, et dans la cheminée de fer brillamment polie brûle un feu joyeux au lieu des planches sales, et du poële fumant et puant de nos hôtelleries paternelles. Si vous sortez, vous ne trouvez jamais un escalier mal propre, ni si parcimonieusement éclairé, que l’obscurité seule y soit visible ; en outre dans toute la maison règnent nuit et jour la décence et le plus grand repos, et dans beaucoup d’hôtels, chaque appartement un peu vaste a son escalier particulier, de sorte qu’on n’est jamais en contact avec les autres voyageurs.

À table règne une profusion de linge blanc, d’ustensiles brillamment nettoyés, une élégance qui ne laisse rien à désirer ; la domesticité est toujours là quand on a besoin d’elle, et ne s’empresse pas pourtant autour de vous. Ordinairement l’hôte se présente au commencement du dîner, pour s’informer si vous êtes content de tout. Bref, on n’oublie dans un bon hôtel rien de ce qu’un particulier à son aise trouverait dans sa propre maison. Sans doute le mémoire est proportionné à ces attentions, et les waiters sont aussi bien payés que vos propres domestiques. Dans les premiers hôtels, un garçon ne se contente pas à moins de 2 livres sterling par semaine. Les pour-boire sont en géné-