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MARCO POLO.

ples idolâtres dans la religion chrétienne. Les ambassades auxquelles les croisades donnèrent lieu, firent sans doute naître ces bruits qui prirent encore plus de consistance, lorsque, vers 1298, les copies de la relation de Marco Polo commencèrent à se répandre en Europe.

Maintenant que nous avons fait connaître de quelle nature et de quelle importance étaient les relations diplomatiques qui s’étaient établies entre les Tartares et les nations de l’Occident, revenons à l’histoire des deux marchands vénitiens qui, en rentrant dans leur patrie, donnèrent l’éveil sur ce grand évènement et jetèrent en Europe les premières notions positives que l’on ait eues sur les nations de l’Asie.

Le grand Kan, satisfait de la précision des réponses de Maffio et de Nicolo Polo, ainsi que de l’habileté qu’ils montraient dans les affaires, résolut de les aider à retourner en Italie, en les faisant accompagner par un de ses officiers qu’il revêtit de la qualité d’ambassadeur auprès du saint siége de Rome. Cet envoyé était chargé de supplier sa Sainteté d’envoyer des missionnaires pour répandre l’instruction religieuse parmi les peuples de la Tartarie. Cependant, sans prétendre absolument que le grand Kan fût tout-à-fait indifférent à la foi chrétienne, il est permis de croire que les dispositions hostiles des chrétiens envers les musulmans qui étaient aussi ses ennemis, ont pu engager ce prince à flatter le pape d’un espoir sur lequel il comptait peu lui-même.

Cependant les deux Vénitiens partirent pour retourner dans leur pays, et vers le commencement du voyage, l’ambassadeur tartare qui les accompagnait, tomba malade, resta en arrière et ne les rattrapa plus. Toutefois les voyageurs européens, munis d’un firman du prince qui leur assurait aide, protection et respect partout où ils passaient, parvinrent, au bout de trois ans, jusqu’aux rives de la Méditerranée. Ce fut de Giazza ou Ayas dans le royaume de la Basse-Arménie qu’ils s’embarquèrent pour Acre, alors tombée au pouvoir des chrétiens, et où ils arrivèrent au mois d’avril 1269.

En mettant pied à terre, ils apprirent la nouvelle de la mort