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REVUE SCIENTIFIQUE.

dénombremens sur l’exactitude desquels on peut compter, on n’en a aucun pour les esclaves : on ne faisait pas assez de cas de ces hommes, pour croire que l’état dût s’informer de leur nombre : c’était un soin qu’on laissait au propriétaire, qui savait probablement le compte de ses gens comme celui de ses bœufs et de ses moutons, et qui n’imaginait pas que l’un méritât plus que l’autre de figurer dans les archives de l’état.

Malgré ce silence des écrivains anciens, on peut arriver à connaître assez exactement le nombre des esclaves. En effet on sait à très peu près quel était le nombre d’arpens mis chaque année en culture, et on peut ainsi évaluer exactement les récoltes. De plus, on a des données assez exactes sur l’importation annuelle de blé, de sorte que l’on a la consommation totale de chaque année. Maintenant, si de ce total on déduit la partie qui servait à la nourriture de la population libre, l’excédant représentera la consommation de la population esclave, et, en divisant ce nombre par celui qui indique la consommation annuelle moyenne d’un individu, on aura très approximativement le nombre des esclaves.

En faisant un pareil calcul, il faut distinguer soigneusement la population des villes de celle des campagnes. Dans les villes, en effet, on consomme beaucoup moins en blé, parce qu’on fait usage d’une plus grande quantité d’autres alimens. À Paris, par exemple, la consommation annuelle moyenne est de trois cent quarante-trois livres par individu, ce qui fait moins d’une livre par jour ; mais, si on jugeait par ce seul fait de la consommation totale pour la France, on serait de beaucoup au-dessous du chiffre véritable. Paris fait même exception entre les villes ; car pour les populations urbaines, prises en masse, la moyenne de la consommation journalière est bien près d’atteindre à une livre et un quart. Pour les populations rurales, cette moyenne dépasse une livre et demie.

La différence que nous venons de signaler entre la consommation des citadins et des campagnards existait de même pour l’Italie ancienne ; ainsi, pour une famille urbaine, la moyenne journalière était de deux livres par individu ; pour une famille rurale, elle était de deux livres trois quarts à trois livres cinq onces : cette consommation était, comme on le voit, beaucoup plus grande que celle des temps modernes, et M. Dureau attribue la différence à l’imperfection des procédés de mouture et de panification.

La séance est terminée par la lecture de la seconde partie d’un mémoire de M. Raucourt sur le travail des forçats. Les considérations que l’auteur y développe étant, par leur nature, tout-à-fait étrangères aux sujets dont s’occupe l’Académie des sciences, nous nous abstiendrons d’en parler.

Dans la séance du 13 avril, on lit un mémoire de MM. Serres et Noirnat sur la nature et le traitement de choléra-morbus. Ces deux médecins ont trouvé, dans le canal intestinal des personnes qui avaient succombé au choléra, des altérations qui rappellent celles que l’un d’eux (M. Serres) avait observées depuis long-temps chez des individus morts de fièvres entéro-mésentériques. Dans les deux maladies, il y a un développement insolite des glandes de peyer. De plus, dans la fièvre entéro-mésentérique, on observe quelquefois à côté