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LE PECORONE.[1]

Pour donner un peu de soulagement et de consolation à ceux qui éprouvent à présent ce que j’ai éprouvé moi-même autrefois, il me prend la charitable envie de commencer ce livre, dans lequel nous nous occuperons d’un jeune homme et d’une jeune fille, qui éprouvèrent un amour très violent l’un pour l’autre ; leur discrétion entretint leur bonheur ; et ils surent si bien porter le joug brûlant de l’amour, qu’ils m’ont donné l’occasion de faire ce livre, après avoir entendu de quelle manière gracieuse ils se confiaient leurs inventions spirituelles et leurs conversations tendres, au moyen desquelles ils mitigeaient les feux dont ils étaient brûlés. Comme je me trouvais à Dovadola, après avoir été foudroyé par la mauvaise fortune (ainsi que vous pourrez l’apprendre en lisant ce livre), je me sentis disposé à inventer et à écrire. Je commençai donc ce livre dans la 1378e

  1. Le Pecorone (ce qui veut dire la grosse bête) est un recueil de cinquante nouvelles écrites en toscan, par Giovanni Fiorentino. L’introduction ou préface de ce livre, que l’on met en tête de la nouvelle traduite, servira à donner une idée de l’artifice dont l’auteur s’est servi pour encadrer ses compositions ou ses récits.