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ITALIE. — ROYAUME LOMBARDO VÉNITIEN.

tiplié des éditions magnifiques d’ouvrages rares ou inédits. Sous ce rapport, la mort récente du marquis Trivulzi est une grande perte pour la littérature italienne.

Outre les Annales de statistique que nous avons déjà citées, il paraît à Milan d’autres recueils périodiques. Le plus connu est la Bibliothèque italienne. Ce journal, fondé en 1816 par trois des hommes les plus remarquables de l’Italie, Breislak, Giordani et Monti, sous la direction d’Acerbi, acquit dès sa naissance une grande réputation ; mais au bout de quelques années, des disputes de prééminence de langue entre les Lombards et les Toscans amenèrent une polémique âcre et mordante qui dégénéra en une question municipale. Ces discordes, qui aigrissaient les esprits, sans produire aucun bien réel, et qui étaient soufflées par le vent du nord, nuisirent au succès du journal. D’ailleurs des bruits sinistres se répandirent contre le directeur Acerbi ; il avait, disait-on, embrassé la cause de l’étranger, ce qui le rendit odieux aux Italiens : les rédacteurs les plus distingués se retirèrent, et la Bibliothèque italienne perdit tout son crédit. Après la mort d’Acerbi, elle a été dirigée par des hommes de talent, dont on ne soupçonne pas les intentions ; mais elle n’a jamais pu rappeler ses beaux jours.

Non-seulement Milan renferme des notabilités littéraires et scientifiques, mais c’est l’une des villes de la péninsule où l’instruction est le plus répandue. Cependant, nous le disons à regret, on y chercherait en vain, surtout dans les classes supérieures, cette ardeur pour les études graves que nous avons signalée à Turin. Sans doute cela tient en grande partie à l’action du gouvernement, mais il en faut aussi chercher la cause dans le caractère des habitans. Milan est une ville de plaisir : les jeunes gens, ne voyant aucune carrière ouverte pour eux, préfèrent le théâtre de la Scala aux études du cabinet. On ne saurait se figurer l’importance qu’on attache aux spectacles à Milan : on publie des almanachs de tel ou tel théâtre ; la haute société, à l’arrivée d’une prima donna, ne s’occupe que de la débutante : on se querelle, on s’anime, et on oublie dans ces débats de plus graves intérêts. Les bustes en marbre,