Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/651

Cette page a été validée par deux contributeurs.
645
ITALIE. — ROYAUME LOMBARDO VÉNITIEN.

tions postérieures démontrèrent qu’Oriani avait raison. On lui doit des Élémens de trigonométrie sphéroidique, qui, bien que publiés depuis plus de vingt-cinq ans, sont restés un ouvrage classique dans leur genre, et plusieurs autres mémoires insérés dans les Éphémérides de Milan et dans d’autres collections scientifiques. Oriani a été l’un des premiers astronomes observateurs qui se soient en même temps livrés à de profondes recherches sur la mécanique céleste. Il jouissait d’une si grande réputation, que, lors de la première campagne de Bonaparte en Italie, Carnot, alors membre du directoire, recommanda spécialement au jeune général l’astronome de Brera. À son entrée à Milan, Bonaparte voulut voir l’abbé Oriani et lui fit les offres les plus brillantes ; mais celui-ci refusa constamment, et lui demanda en grâce de le laisser continuer paisiblement ses recherches. Napoléon exigea qu’au moins il s’adressât directement à lui chaque fois qu’il aurait quelque chose à demander au gouvernement français. Peu de temps après, les professeurs de l’université de Pavie, ayant cessé de recevoir leur traitement, sollicitèrent l’appui d’Oriani, qui écrivit à Livourne au général Bonaparte, s’il voulait prendre les sciences par famine. L’ordre de payer les pensions arriva à l’instant. Quelques années plus tard, Napoléon étant allé à Milan prendre la couronne de fer, se rappela cette circonstance et demanda en souriant à l’astronome de Brera, si les pensions des savans étaient payées avec exactitude. Oriani, après avoir refusé successivement un riche évêché, et le ministère de l’instruction publique, que le roi d’Italie voulait lui confier, fut forcé d’accepter la dignité de sénateur et le titre de comte : mais il ne sortit jamais de sa simplicité habituelle. Personne en Italie n’a joui plus que lui de la confiance du grand homme, et personne n’en a fait un plus noble usage. C’est sur sa présentation que Brunacci obtint la chaire de mathématiques à l’université de Pavie : c’est à lui que Carlini, alors très jeune, dut d’être nommé secrétaire de l’Institut national italien. Oriani vit encore dans cet observatoire de Brera où il a étudié les astres pendant cinquante ans ; et les jeunes gens qui, se livrant à la carrière des sciences, viennent chercher en ce