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LITTÉRATURE AMÉRICAINE.

Mais comment les fugitifs s’étaient-ils échappés ? Quel chemin avaient-ils pris ? Un vieux paysan, qui habitait une chaumière sur le bord du chemin de la Sierra, vint déclarer qu’il avait entendu, quelques instans avant le lever du jour, le bruit du galop d’un vigoureux cheval qui courait vers les montagnes. Ayant mis la tête à sa fenêtre, il n’avait pu que distinguer dans le lointain un homme à cheval, tenant une femme assise devant lui.

— Que l’on aille visiter les écuries, cria le gouverneur Manco.

On alla visiter les écuries. Tous les chevaux s’y trouvaient, excepté le cheval arabe. À sa place un solide gourdin était attaché à la mangeoire, avec un écriteau sur lequel étaient écrits ces mots :


Présent pour le gouverneur manco de la part d’un vieux soldat.

Nous avions prévenu que nous allions laisser parler Washington Irving ; peut-être trouvera-t-on qu’il a causé trop long-temps à propos du caporal et du gouverneur Manco. Si nous voulions l’écouter, il fallait bien cependant prendre notre parti de l’entendre sur quelque sujet pareil, car, depuis son arrivée à l’Alhambra, il ne fait guère plus que nous raconter des légendes de ce genre jusqu’à la fin du livre qu’il termine brusquement par deux notices fort sèches sur les rois maures, Mahomet Abu Alahmar, le fondateur de l’Alhambra, et Yusef Abul Hagig, qui a fait terminer ce palais.

On voit que les diverses parties de cet ouvrage ne sont unies entr’elles que par un bien faible lien ; mais il leur suffit en vérité. L’auteur ne nous a d’ailleurs promis qu’un livre d’esquisses, un nouveau Sketch Book ; ne lui demandons pas davantage. Quant à nous, ayant déjà parlé plus haut de l’ensemble de l’ouvrage, après avoir choisi parmi ces esquisses les deux légendes qui nous avaient paru les meilleures, et les avoir reproduites en entier, nous comptions nous arrêter et renvoyer à l’Alhambra ceux de nos lecteurs qui auraient pris goût à ces histoires ; mais