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AVENTURES D’UN VOYAGEUR.

Indiens contre les négocians à la rivière Wallah-Wallah, attaque que M. Cox raconte fort longuement.

« Nous ne perdîmes pas de temps à débarquer, et nous armâmes promptement tous nos hommes en leur distribuant des munitions. Le peu d’Indiens qui étaient de notre côté de la rivière fuirent à notre approche, et ceux qui étaient de l’autre côté nous tirèrent des coups de fusils, mais la distance était trop grande pour que les balles arrivassent jusqu’à nous. La Columbia a plus d’un mille de large en cet endroit. La nuit approchait, et il était urgent de choisir une place convenable pour camper, et où l’on fût en sûreté jusqu’à ce qu’un rapprochement eût lieu entre nous et les sauvages. Au milieu de la rivière, et à peu de distance de nous, s’élevait une île de deux milles de long environ, basse, sans arbres, couverte de sable et de gravier. Nous pensâmes que c’était le lieu le plus propre à nous mettre à l’abri d’une surprise. À peine étions-nous à deux cents pas du rivage que plusieurs flèches vinrent tomber près de nous, quoiqu’au moment de notre embarquement, nous n’eussions vu aucun Indien. Deux hommes même furent blessés, l’un à l’épaule, et l’autre au cou. Nous arrivâmes cependant à l’île sans autre accident. — La nuit fut froide et obscure, avec de la pluie de temps en temps. On fit éteindre les feux du camp qui pouvaient servir de point de mire à nos ennemis ; cette précaution ne fut pas inutile ; car, une heure avant le jour, nous découvrîmes plusieurs sauvages tout près du camp, qui s’en approchaient en se traînant sur les mains et sur les pieds.

« Nos méditations ne furent rien moins que riantes pendant cette longue nuit, au milieu d’un grand fleuve, dont le rivage était occupé par des ennemis braves et puissans. Nous étions tous décidés cependant à vendre chèrement notre vie. Un conseil de guerre fut assemblé au point du jour, et, après quelques discussions, il fut résolu que nous quitterions l’île, que nous demanderions une entrevue à un chef, et que quelques marchandises lui seraient offertes pour l’apaiser. Il fit un si grand vent toute la journée, qu’il fut impossible de nous embarquer, et nous passâmes une autre bien triste nuit sur cette île, sans bois pour faire du feu.