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partie des régions éloignées qu’a visitées le voyageur ; aussi son livre, quoique assez mal écrit, se fait lire avec intérêt.

M. Cox partit de New-York, le 17 octobre 1811, pour se rendre à l’embouchure de la Columbia sur l’océan Pacifique, dans l’intention de se joindre à la compagnie américaine, nommée North-west american fur company. Le bâtiment qui le portait doubla le cap Horn le 1er janvier, et arriva le 25 mars à l’île d’Owhyee, la plus grande des îles Sandwich, célèbre par la mort du malheureux capitaine Cook. Le roi ne s’y trouvant pas, et le capitaine désirant le voir, le bâtiment fit voile pour Woahoo, où il arriva le 26. Nous ne parlerons pas des remarques du voyageur sur ces îles, qui sont bien connues depuis les relations de Cook, Vancouver, La Peyrouse, Kotzebue, et tout récemment celles de Beechey.

Le bâtiment leva l’ancre le 6 avril, et le 1er mai il eut connaissance du cap Orford, par 41° de latitude nord. Longeant ensuite la côte, il arriva le 5 en vue de l’embouchure de la Columbia. Ce fleuve entre dans la mer par 46°19′ latitude nord et 120° longitude ouest. Une barre dangereuse obstrue son entrée. Le canal qui la traverse est, au nord, très près du cap et très étroit. De cette place à la pointe opposée sud, s’étend une chaîne de rochers et de bancs de sable, à travers lesquels les eaux de la Columbia s’ouvrent un passage dans l’Océan avec un bruit qui s’entend à plusieurs milles de distance. Le voyage avait duré six mois et trois semaines, et avait été d’environ sept mille lieues. Les voyageurs débarquèrent à l’établissement de la compagnie, nommé Fort Astoria, en l’honneur de M. Astor, négociant de New-York et fondateur de cette colonie. Ils se trouvaient en tout cent quarante hommes : c’était sur cette côte que, quelque temps auparavant, s’était rendu le bâtiment américain le Tonquin, dont l’équipage avait été massacré par les naturels. On peut croire que cet événement n’a pas contribué à prévenir M. Cox en faveur des Indiens ; aussi le portrait qu’il en fait est loin d’être flatteur. « Du Chili à Athabasca, dit-il, et de Noutka au Labrador, il existe, dans le sauvage américain, une froideur inexprimable qui repousse toute familiarité. Étranger à