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ANCIENNE LITTÉRATURE SCANDINAVE.

dais. Tout le loisir que lui laissait un genre de vie si peu occupé était employé, soit à composer, soit à écouter des chants ou des récits. Grâce aux diverses circonstances qui favorisèrent ce penchant naturel, l’Islande devint bientôt le foyer principal de la littérature scandinave, et c’est ainsi que cette littérature et la langue dans laquelle elle existe, ont été nommées indifféremment scandinave ou islandaise.

Cette langue appartient à la famille des langues germaniques. Nous déterminerons la place qu’elle y occupe, et celle que la famille dont elle fait partie occupe elle-même dans le système général des langues.

Ici, nous aurons besoin de poser quelques principes de la science étymologique, pour ne pas nous laisser entraîner à des inductions mensongères.

Nous examinerons les règles que doit suivre une critique sévère dans les rapprochemens qu’elle établit soit entre les mots, soit entre les formes grammaticales qu’elle compare.

Grâce à des travaux récens entrepris en Allemagne et dans le nord, et qui se poursuivent en France avec succès, la science étymologique à laquelle des tentatives extravagantes avaient attaché une sorte de ridicule, est devenue une science philosophique et positive tout ensemble. Flambeau précieux et quelquefois unique, elle éclaire ce que l’histoire laisse trop souvent dans l’ombre, la filiation et le berceau des peuples. En outre, prise en elle-même, elle offre un intérêt indépendant de ce genre de services. L’histoire des langues peut s’appeler une anatomie ou plutôt une physiologie comparée, car une langue est comme un être vivant dont l’organisme se développe suivant des lois constantes. Nous aurons à étudier cet organisme, à constater quelques-unes de ses lois, avant d’entamer la comparaison des idiomes germaniques avec les autres idiomes qui leur ressemblent. Nous livrant alors à cette comparaison, nous pourrons y apporter quelque méthode et quelque certitude. Les résultats auxquels nous arriverons seront à-la-fois assez piquans et assez vastes, pour mériter que nous ne marchions vers eux que pas à pas, avec prudence et réserve. N’est-ce pas un fait