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ces dans lesquelles l’agrégation a eu lieu, la forme de l’amphibole annonce un refroidissement lent, celle du pyroxène, un refroidissement plus rapide. La manière dont s’est opéré le changement de température dans la masse liquéfiée des grunsteins a de même exercé son influence sur la formation des cristaux de la nouvelle espèce ; ainsi, parmi les échantillons présentés par M. de Humboldt, on voit des ouralites qui ont pour noyau un cristal de pyroxène beaucoup moins fusible qu’elles. L’ouralite, de même que l’amphibole et le pyroxène, échangeant très souvent des élémens isomorphores, on conçoit fort bien comment les élémens moins fusibles se sont cristallisés les premiers, et ont formé un silicate, le pyroxène ; tandis que les bases plus fusibles ont pu former plus tard dans la pâte dont le refroidissement devenait de plus en plus lent, des amphiboles ou des ouralites.

L’amphibole est groupée généralement avec le quartz, l’albite, le feldspath qui se sont séparés de la masse par un refroidissement lent ; le pyroxène, au contraire, se rencontre plus souvent avec l’olivine qui se forme par un refroidissement rapide.

M. Serullas lit un mémoire sur les chlorures de cyanogène. La composition assignée précédemment à ce corps par M. Serullas ne pouvait plus être admise, au moins sans modification, depuis que MM. Wolher et Liebig avaient reconnu l’existence de l’hydrogène dans l’acide cyanique, obtenu par l’action de l’eau bouillante sur le perchlorure de cyanogène. Toutefois les expériences de ces deux chimistes étaient susceptibles de deux interprétations ; car, d’une part, on se rendait compte du résultat obtenu par eux, en admettant que le perchlorure contenait de l’hydrogène ; et de l’autre, on l’expliquait également, en supposant dans ce corps une proportion de chlore moindre que celle qui avait été admise jusque-là. Un moyen pour se décider entre ces deux hypothèses était d’évaluer la quantité d’acide hydrochlorique qui se produit quand on fait réagir du chlore sec sur de l’acide hydrocyanique pour produire le perchlorure de cyanogène. C’est ce qu’a fait l’auteur du mémoire, et cette expérience lui a fait reconnaître que l’hydrogène de l’acide hydrochlorique formé représente tout l’hydrogène de l’acide hydrocyanique. Une analyse directe du perchlorure de cyanogène, faite par le même chimiste, a également démontré la non-existence de l’hydrogène dans le composé, et a fait voir en même temps qu’il renferme moitié moins de chlore qu’on ne le supposait, c’est-à-dire, un atome de chlore pour un atome de cyanogène, par conséquent la même composition que le chlorure de cyanogène gazeux.

M. Lamarre-Picquot lit un long mémoire relatif aux serpens venimeux de l’Inde, et à différens vers qu’il a trouvés dans les cavités splanchniques et dans le tissu même des organes de ces animaux. M. Lamarre-Picquot croit pouvoir, d’après une observation qui lui est propre, affirmer que certains serpens couvent leurs œufs, et éprouvent, pendant ce temps, un accroissement notable dans la température de leur corps. Des détails sur les différens effets de la morsure des serpens de l’Inde se trouvent dans ce mémoire, et l’auteur présente en