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ACADÉMIE DES SCIENCES.

lèbres théorèms dont nous n’avons aujourd’hui que l’énoncé. Ces écrits n’ont point été perdus entièrement, comme on le supposait à la mort de leur auteur, puisque M. Libri a trouvé, dans la bibliothèque de Bouillaud, mort près de trente ans plus tard, les titres de cinq ouvrages manuscrits de Fermat, qui faisaient partie de cette bibliothèque.

M. Larrey fait un rapport sur une opération de rhinoplastie, pratiquée par M. Blandin.

M. de Blainville fait un rapport verbal très favorable sur un ouvrage de M. Michaud, lieutenant au 10e régiment de ligne, intitulé : Complément de l’histoire naturelle des mollusques terrestres et fluviatiles de la France, de Draparnaud.

M. Heurteloup lit un mémoire sur un nouveau moyen pour détruire la pierre dans la vessie. L’instrument dont il se sert est une sonde courbe à deux branches, qui glissent l’une sur l’autre, comme celle du compas des cordonniers. La sonde est introduite fermée ; puis, la branche inférieure étant solidement fixée au bord de l’espèce de siège sur lequel le malade est assis, la branche supérieure est attirée en avant, et son extrémité interne, en se séparant de celle de la branche fixe, offre un espace dans lequel le calcul vient se loger naturellement, et sans qu’il soit nécessaire de le chercher. Cela fait, on rechasse en-dedans la branche mobile, en frappant à coups de marteau son extrémité externe. Les coups transmis presque sans perte de force à la pierre, qui ne peut reculer, puisqu’elle est soutenue en arrière par l’extrémité recourbée de la branche fixe, l’ont bientôt brisée et réduite en fragmens plus ou moins nombreux. Par ce procédé, dit l’auteur, on brise en quelques minutes un calcul, qui, par le forage, eût exigé plusieurs longues séances pour être divisé, et l’on opère avec une extrême facilité sur les pierres plates, contre lesquelles les anciennes méthodes lithotritiques étaient, pour ainsi dite, impuissantes. MM. Dupuytren, Larrey et Savart sont chargés de prendre connaissance du procédé de M. Heurteloup, et d’en faire leur rapport à l’Académie.

M. Girard, fait en son nom et celui de M. Molard, un rapport très favorable sur un mémoire de M. de Morogues, ayant pour titre : De l’utilité des machines, de leurs inconvéniens, et des moyens d’y remédier, en assurant l’extension et les progrès de notre agriculture. L’auteur avance, et les commissaires admettent comme lui, que toutes les fois qu’on applique l’usage des machines à une branche d’industrie, parmi les ouvriers que cette substitution prive tout-à-coup de leurs moyens ordinaires d’existence, il en reste quelques-uns qui ne réussissent point à s’ouvrir une nouvelle carrière, et qui viennent grossir, sans qu’il y ait de leur faute, la classe des pauvres. Il fait voir de plus qu’à mesure que le paupérisme augmente par l’accroissement de la classe manufacturière aux dépens de la classe agricole, les crimes et les délits se multiplient dans un rapport très grand. Passant ensuite en revue les différens moyens proposés pour arrêter les progrès du mal, il démontre que les uns sont entièrement illusoires, et que d’autres, tels que l’établissement de colonies lointaines, n’offrent qu’un secours passager. Il s’arrête donc à l’idée d’établir, dans le pays même, des colonies destinées à re-