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ACADÉMIE DES SCIENCES.

négative, l’autre acide et positive. La première était verte, et la seconde était rouge ; il se forma à leur rencontre un coagulum composé, d’un côté, d’une matière verte et négative, et de l’autre côté, de matière rouge et positive, en sorte que les deux matières étaient disposées en contact et en opposition, comme elles le sont dans la feuille. Cette expérience, variée de diverses manières, conduisit M. Dutrochet à conclure que dans toutes les feuilles unicolores aussi bien que bicolores, la face supérieure est occupée par une matière colorante négative, et l’inférieure par une matière colorante positive. Des expériences analogues, faites sur les pétales des fleurs, le portèrent à y admettre de même la superposition de deux matières douées d’une électricité opposée. Ainsi, dit-il, ces parties des végétaux sont de véritables piles galvaniques, ou plutôt chaque fleur, chaque pétale est un élément de pile dont il représente un des couples. On sait, poursuit M. Dutrochet, que sous l’influence de la lumière, la matière verte dégage de l’oxigène ; la face supérieure de la feuille, ou son côté négatif, qui est en rapport avec la lumière, est donc désoxidante, et la face inférieure positive est le côté oxidant. C’est à la nécessité de la continuation de ce double phénomène de désoxidation et d’oxidation, sous l’influence de la lumière et par le moyen d’une pile, que M.Dutrochet rapporte, comme à sa cause première, le retournement des feuilles, lorsqu’on a artificiellement dirigé en haut leur face supérieure. Le mouvement, dit-il, est dû à une modification des phénomènes d’endosmose, mais cette modification elle-même ne se produit qu’en vertu de l’excitation que reçoit la matière colorante de la face inférieure, par l’action insolite de la lumière. Ainsi, ajoute l’honorable académicien, la matière colorée, et surtout la matière verte, joue, chez les végétaux, un rôle analogue à celui que joue la matière nerveuse chez les animaux.

M. Ampère donne le détail de nouvelles expériences sur la production de courans électriques. Son appareil est le même que celui dont la description a été donnée dans la séance du 23 janvier, à cette seule exception, qu’au lieu du barreau, aimanté, qu’on faisait mouvoir dans l’intérieur d’une hélice de fil métallique recouvert de soie, dont les extrémités étaient en communication avec le galvanomètre, on emploie ici une deuxième hélice semblable, mais d’un plus petit diamètre, et dont les deux bouts sont en communication avec les pôles d’une pile galvanique : les résultats obtenus sont tout-à-fait semblables, seulement il y a cela de plus, qu’on peut anéantir tout-à-coup, et recréer de même l’aimant artificiel que la deuxième hélice représente, en interrompant et rétablissant alternativement sa communication avec la pile. Dans l’un et l’autre cas, la suspension du courant électrique, et son rétablissement dans l’hélice produisent précisément les mêmes effets que l’on obtient en enlevant ou en replaçant dans la spirale, soit l’hélice, soit l’aimant.

M. Lamé, ingénieur des mines, lit un second mémoire sur la propagation de la chaleur dans les polyèdres. MM. Poisson, Ampère et Navier en feront l’objet d’un rapport à l’Académie.

M. Comesnil lit un mémoire sur les résultats obtenus à Reims, en 1831 et 1832, de l’emploi des soupes à la gélatine.