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trente ans. Il y avait à faire l’analyse de ces trois caractères qui devaient se disputer l’attention de l’Europe. C’eût été un premier acte, à la manière des Chroniques de Shakespeare, où l’intérêt et le mouvement n’auraient pas manqué.

En 1521, Charles-Quint commence la campagne, et fait attaquer le duc de Bouillon. Trente-cinq mille impériaux se jettent sur Mézières, qui ne doit son salut qu’à la prudence et à l’intrépidité de Bayard. Battu sur un premier point, l’empereur songe au Milanais, compromis déjà par une administration vicieuse et par les rigueurs excessives de Lautrec. La duchesse d’Angoulême avait dissipé, dans ses prodigalités, 400,000 écus, destinés à l’armée d’Italie : elle accusa de concussion le surintendant des finances, Semblançay, vieillard austère et intègre, et obtint sa tête. Le roi, épris des charmes de la comtesse de Châteaubriand se montra indulgent pour le frère de sa maîtresse. Le duc de Bourbon, à qui la mère du roi avait souvent témoigné le goût qu’elle avait pour lui, étant devenu veuf, la duchesse d’Angoulême lui offrit sa main ; le duc résista à ses instances, et repoussa même les prières du roi avec mépris. La duchesse humiliée retire au connétable le gouvernement du Milanais, et le ruine. Charles-Quint achète la trahison du connétable, qui trompe, par un lâche mensonge, la crédulité de François Ier, s’enfuit et livre à sa colère dix-neuf complices, après avoir vainement essayé de soulever plusieurs provinces sur son passage. Saint-Vallier, leur chef, est condamné à mort et obtient sa grâce, au moment même où il allait poser sa tête sur le billot, grâces à l’intercession de Diane de Poitiers, sa fille. On sait ce que lui coûta la vie de son père.

Nous sommes maintenant en pleine tragédie. Le connétable commande les impériaux en Italie. Le roi lui oppose le plus présomptueux de ses favoris, l’amiral Bonnivet, et met Bayard sous ses ordres. Bonnivet, dangereusement blessé, remet le destin de l’armée entre les mains de Bayard ; mais il n’était plus temps. Les Français sont forcés d’abandonner l’Italie. Le connétable attaque la Provence, enlève quelques villes, et va mettre le siége devant Marseille. François Ier le chasse, et repasse