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LA JUSTICE DE DIEU QUI PASSE.[1]

I


Le voici ! Le voici qui frappe à notre porte !
Les jours d’ivresse sont passés.
À l’œuvre, fossoyeurs ! hâtez-vous… Il apporte
La mort dans les festins, la mort dans les baisers.
Quand il faisait son tour du monde,
Nous disions : Il est loin d’ici !
Puis, nous nous endormions dans notre joie immonde…
Peuples, réveillez-vous ! — Le voici ! le voici !

Sur le gouffre infernal que le plaisir recouvre,
L’homme dort d’un sommeil trompeur ;
Mais quand à ses côtés le sépulcre s’entr’ouvre
Et que la mort surgit, c’est alors qu’il a peur.
Des bords anglais où Dieu l’arrête
Un jour le fléau s’envola ;
De loin il entendit des cris, des chants de fête :
Il apparut sur nous, et Dieu lui dit : — C’est là !

C’est là ! Vous entendez ! Car c’est là qu’on danse,
Là que l’on s’enivre la nuit,
Là que la grande ville agitée en cadence
Rejette vers le ciel sa débauche et son bruit.

  1. La cruelle circonstance qui a inspiré ces vers, nous a décidé à les publier dans la Revue, bien que l’idée dominante de la pièce ne soit guère du siècle.

    (N. d. D.)