Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
REVUE DES DEUX MONDES.

où il adressait au jeune roi de mâles et sévères conseils. Le 24 septembre 1571 (et non le 4, comme le dit M. F. Alex. Lobo), il obtient le real alvara qui lui permettait d’imprimer. Enfin, en 1572, parurent les Lusiades.

Le succès fut très grand, puisque, chose presque inouie en Portugal, il fut publié une seconde édition dans la même année.

Pedro de Mariz et Diogo Barbosa racontent qu’un certain P. da Costa Perestrello, qui avait composé un poème sur le même sujet, renonça à le faire paraître. De nos jours, M. J. Agost. de Macedo a été moins modeste. Le succès des Lusiades ne se démentit pas : en 1613[1], il s’en était déjà vendu douze mille exemplaires, et vingt mille en 1624[2]. Le Tasse, qui n’avait pas encore publié la Jérusalem, adressa un beau sonnet à celui qu’il regardait comme son maître et son rival.

La pension que Camoens obtint pour ses seize années de services militaires (car je ne pense pas que son poème ait été porté en ligne de compte) fut de 15,000 reis, 100 fr. environ, ce qui représente à-peu-près 500 fr. d’aujourd’hui. Une clause du brevet lui enjoignait de résider à Lisbonne, na corte, et de le faire réviser tous les trois ans[3]. Cette somme, toute modique qu’elle fût, lui était inexactement payée ; aussi disait-il quelquefois en riant qu’il voulait demander au roi de changer ses quinze mille reis en quinze mille coups de fouet pour ses ministres.

Camoens ne fit plus que très peu de vers après la publication des Lusiades. Peut-être est-ce à cette époque qu’il composa la requête qu’on lui attribue, et dans laquelle il justifie une jeune femme, emprisonnée dans le Limoeiro de Lisbonne, pour avoir été infidèle à son mari qui voyageait dans l’Inde. En 1575, il adressa des stances à dom Sébastien, à l’occasion d’une flèche que le pape lui avait envoyée pour l’exciter contre les Maures. Deux ans après, il fit un sonnet en l’honneur de dom

  1. Voy. Pedro de Mariz.
  2. Voy. Severim.
  3. Voy. Pedro de Mariz et Faria e Sousa. Dom José Maria de Souza dit tous les six mois.