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LUIZ DE CAMOENS.

chapelle était muré, dit Severim, parce qu’il n’y avait plus personne pour en prendre soin.

On ne sait rien d’Antonio Vaz, son fils, si ce n’est qu’il épousa Guiomar da Gama. Il eut pour fils Simâo Vaz, qui épousa Anna de Sà e Macedo, de Santarem, et fut le père du prince des poètes de son temps, de Luiz de Camoens.

Lisbonne, Coïmbre et Santarem se sont disputé l’honneur de l’avoir vu naître. Les plus fortes présomptions sont pour Lisbonne. Deux des contemporains de Camoens, Pedro de Mariz[1] et Correa, nous apprennent que son père était né dans cette ville, et nous savons qu’il l’habitait encore en 1550. Si nous cherchons des preuves dans les vers du poète, nous trouvons qu’il appelle à tout instant le Tage, meu Tejo ; et ses Nymphes, Nymphas minhas, expressions caressantes et filiales qu’il n’a jamais employées pour d’autres fleuves, même pour le Mondego. Enfin, quand on l’exila à Santarem, il se compara dans sa troisième élégie, O Sulmonense Ovidio desterrado, à Ovide exilé de sa patrie. Il ne semble pas qu’il pût reconnaître plus formellement Lisbonne pour sa ville natale.

Il ne s’est pas élevé moins de controverses sur l’année de sa naissance. Severim[2], son plus ancien biographe après Pedro de Mariz, le fait naître en 1517, et Faria e Sousa (dans sa seconde vie) en 1524. La preuve apportée par Faria e Sousa est un extrait des registres de la maison des Indes de Lisbonne, pour l’année 1550, ainsi conçu :

« Luiz de Camoens, fils de Simâo Vaz et de Anna de Sà, demeurant à Lisbonne, en la Mouraria (quartier des Maures), écuyer, âgé de vingt-cinq ans, de barbe rousse, a donné son père pour

  1. La vie de Camoens par Pedro de Mariz est imprimée devant le Commentaire de Manoel Correa, Lisboa, 1613, in-4o. M. J. Adamson attribue par erreur à Manoel Correa tous les passages qu’il cite de Pedro de Mariz.
  2. La vie de Camoens par Manoel de Faria Severim, chantre d’Evora, parut, pour la première fois, dans les Discursos varios e politicos de cet auteur, 1624, in-4o. Cette vie est réimprimée devant la seconde édition du commentaire de Correa sur les Lusiades, Lisbonne, 1720, in-folio ; édition peu correcte et où les noms propres sont particulièrement défigurés.