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LES


AMANS DE MONTMORENCY.[1]

I.

Étaient-ils malheureux, Esprits qui le savez !
Dans les trois derniers jours qu’ils s’étaient réservés ?
Vous les vîtes partir tous deux, l’un jeune et grave,
L’autre joyeuse et jeune. Insouciante esclave,
Suspendue au bras droit de son rêveur amant,
Comme à l’autel un vase attaché mollement,
Balancée, en marchant, sur sa flexible épaule,
Comme la harpe juive à la branche du saule,
Riant, les yeux en l’air, et la main dans sa main,
Elle allait, en comptant les arbres du chemin,
Pour cueillir une fleur demeurait en arrière,
Puis revenait à lui, courant dans la poussière ;
L’arrêtait par l’habit pour l’embrasser ; posait

  1. En attendant la fin de la première Consultation du docteur noir, qui paraîtra très prochainement, M. Alfred de Vigny nous adresse ce poème qui fait partie d’un nouveau recueil poétique intitule Élévations, et nous prie de déclarer qu’il désavoue toute autre copie qui aurait pu paraître ailleurs.