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PENSÉES DE JEAN-PAUL.

leur savoir et presque sublimes ; mais malheureuses, coquettes et froides, parce qu’elles n’ont trouvé que des bras pour les enlacer et point de cœur, et parce que leur âme ardente et expansive n’a rencontré aucun être à leur ressemblance, je veux dire, aucun être supérieur.

L’arbre dont les fleurs ont été gelées, présente en automne une cime droite et élevée ; il étale une sombre verdure, mais ses rameaux ne portent point de fruits.


Sainte humilité, seule vertu qui n’as pas été créée par l’homme, mais par Dieu ! tu es supérieure à tout ce que tu caches ou que tu ignores ! Rayon céleste, tu prêtes, comme la lumière terrestre, ton éclat aux couleurs, sans en avoir aucune, et tu montes invisible vers le ciel.


Il y a deux sortes d’amour, celui du sujet et celui du sentiment. Ce dernier appartient à l’homme, il veut jouir de sa propre existence ; le sujet étranger n’est pour lui que l’objet microscopique, ou plutôt le microscope même où son individualité se représente agrandie à ses yeux ; aussi peut-il facilement changer de sujet, pourvu que la flamme dont celui-ci est l’aliment, continue à brûler avec la même vivacité. Il jouit moins de lui-même par des actions, toujours longues, ennuyeuses et pénibles, que par des paroles qui servent à-la-fois à décrire et à augmenter ses émotions. L’amour du sujet, au contraire, n’éprouve d’autre jouissance ni d’autre désir que le bonheur de ce dernier. — C’est plus particulièrement l’amour que ressentent les femmes et les vieillards. — Les actions et les sacrifices lui suffisent et le satisfont ; il aime pour rendre heureux, tandis que l’autre amour ne donne de bonheur que pour aimer.


Le veau d’or de l’égoïsme prend une croissance rapide, et de-