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différens pour les insectes de cour, dont on approvisionne un trône. — L’auteur de cet ouvrage a toujours fait précéder et suivre les visites qu’il faisait dans un cercle plus rétréci, par une visite au grand cercle du ciel et de la terre, afin que ce dernier le mît en garde contre les impressions du plus petit, et les effaçât.


Un proverbe nous défend de dormir sur un tombeau ; cependant le tombeau de Luther a été le lit de repos d’un siècle épuisé.


Des grilles de chair et d’os séparent les âmes humaines, et cependant les hommes peuvent croire qu’il existe sur la terre un embrassement, tandis que des chairs et des ossemens ne font que se heurter, et que, derrière eux, une âme en pense seulement une autre.


M’aimes-tu ? s’écria le jeune homme au moment de l’ivresse la plus pure de l’amour, à ce moment où les âmes se rencontrent et se donnent l’une à l’autre. La jeune fille le regarda et se tut.

— Oh ! si tu m’aimes, continua-t-il, ne garde pas le silence ! — Mais elle le regarda sans pouvoir parler.

— Eh bien ! j’étais donc trop heureux, j’espérais que tu m’aimerais ; tout est évanoui maintenant, espoir et bonheur !

— Mon bien-aimé, ne t’aimai-je donc point ? demanda la jeune fille, et elle répéta cette question.

— Oh ! pourquoi m’as-tu fait entendre si tard ces accens célestes ?

— J’étais trop heureuse, répondit-elle ; je ne pouvais parler : ce n’est que lorsque tu m’as donné ta douleur, que j’ai retrouvé la parole.


Lorsque nous assistons au grand drame de la vie, n’en voyons-