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l’automne et l’hiver que pendant l’été, de même le jeune homme plein d’ardeur et de forces se représente plus souvent et plus distinctement cette image sombre et décolorée, que l’homme qui en est plus près ; car dans le printemps de l’année, comme dans celui de la vie, les ailes de l’idéal se déploient au loin et ne peuvent prendre leur essor que dans l’avenir. Mais aux yeux du jeune homme la mort apparaît séduisante, telle qu’une beauté grecque, tandis qu’elle ne se montre au vieillard épuisé que sous une figure gothique.


Le sentiment de la peinture se développe, comme le goût, fort tard, et a par conséquent besoin des secours de l’éducation. Il mérite d’être cultivé de très bonne heure, parce qu’il enlève le mur de séparation qui nous isole de la belle nature, parce qu’il fait prendre un nouvel essor à l’imagination dans la contemplation du monde extérieur, enfin parce qu’il habitue les yeux des Allemands à l’art difficile de saisir de belles formes. La musique, au contraire, fait déjà par elle-même vibrer des cordes harmonieuses dans les plus jeunes cœurs, ainsi que chez les peuples les plus sauvages ; son pouvoir se perd davantage par la pratique et par les années.


L’esprit universel se repose ou dort, dit l’homme nain, dès que son œil de vermisseau ne peut plus en suivre la marche. C’est ainsi qu’ils ont cru que le soleil dormait dans l’Océan, tandis qu’il éclairait dans sa course rapide d’autres mondes et d’autres océans !


Pour les hommes énergiques, les grandes douleurs et les grandes joies sont comme de hautes montagnes, d’où ils découvrent tout le cours de la vie.