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ITALIE. — ÉTATS SARDES.

de ses vers. Et il le sentait si bien, qu’il portait envie au talent de Calvi, poète dont les productions sont remplies d’esprit et d’originalité, mais qui malheureusement, ayant écrit en dialecte turinais, reste inconnu dans tout le reste de l’Italie. Cependant c’est un Piémontais, M. Alberto Nota, qui soutient presque seul l’honneur de la comédie italienne ; on lui doit la Foire, le Philosophe célibataire, et d’autres pièces qui ont mérité le suffrage du public. Le comte de Bagnolo a transporté avec bonheur sur la scène italienne les chefs-d’œuvre de Corneille. Un autre Piémontais, Silvio Pellico, est l’auteur d’une tragédie de Francesca da Rimini, qui a eu un immense succès. C’est par des applaudissemens que les Italiens montraient leur sympathie pour ce jeune et intéressant écrivain, enseveli vivant dans les cachots de Spilberg. Pellico est rentré en Piémont après être resté neuf ans au Carcere duro. Seul, et sans aucun moyen d’écrire, il avait pu composer dans sa prison une tragédie qu’il a dictée à peine mis en liberté. Ses amis avaient conçu le projet de publier cette pièce au profit du malheureux auteur, dans l’espoir de réunir un très grand nombre de souscripteurs ; mais l’apathie italienne a mal répondu à cet appel patriotique !

Outre l’université de Turin, il existe en Piémont l’université de Gênes qui possède des savans distingués. Mojon, qui y professe la chimie, est un de ces Italiens (dont on ne parle jamais), qui ont précédé M. Oersted dans la découverte de l’électro-magnétisme. Le professeur de botanique, M. Viviani, a publié plusieurs ouvrages, et entre autres une excellente Flore de la Lybie et de la Cirénaïque. Multedo, qui a été autrefois envoyé à Paris comme l’un des députés du Piémont auprès de la commission du système métrique, et dont les étrangers citent avec éloge les recherches sur les factorielles de Vandermonde, vit à présent délaissé dans son propre pays. Le bibliothécaire de l’université, Gagliuffi, mérite aussi d’être cité, à cause de son étonnante faculté d’improviser des vers latins. Enfin il y a en Sardaigne l’université de Cagliari, trop peu connue sur le continent, mais où naguère encore Azuni étalait son immense savoir. Il est