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présent dans le Sennaar. Il y a quelques années que ce jeune savant, se trouvant dans la mer Pacifique, reçut une fête magnifique des officiers d’un vaisseau américain, qui voulurent honorer en lui le fils de l’historien de leur indépendance. Ceci se passait presque aux antipodes de Turin.

On doit au zèle et au talent de plusieurs jeunes savans piémontais des travaux importans sur l’histoire moderne de l’Italie. Le comte César Balbo (dont le père, président de l’académie des sciences de Turin, s’est également distingué comme littérateur et diplomate), déjà connu par une traduction de Tacite et par les Contes d’un maître d’école, a fait paraître les deux premiers volumes d’une Histoire d’Italie, dont la continuation est vivement désirée. Le chevalier Sauli, qui a voyagé en Turquie, a publié une excellente Histoire des établissemens des Génois dans le Levant. On doit à M. Manno une Histoire de la Sardaigne, et à M. della Marmora un Voyage dans la même contrée. Ces deux ouvrages, qui sont fort estimés, servent de complément l’un à l’autre. Le comte Sclopis s’est occupé avec succès de la domination des Longabards en Italie. M. Gazzera par ses recherches sur les antiquités du Piémont, et M. Cibrario par les documens historiques qu’il a publiés, ont tous deux pris rang parmi les écrivains distingués de leur pays. La mort récente de Grassi (secrétaire de l’académie des sciences) a retardé la publication d’un grand Dictionnaire militaire qu’il avait conçu sur un plan très vaste, et avec des idées très patriotiques ; mais il faut espérer que ce beau travail ne sera pas perdu pour l’Italie. Enfin, MM. Provana, Saint-Marsan, et d’autres jeunes écrivains, préparent des ouvrages historiques que le public attend avec impatience.

Les Piémontais, qui se sont montrés avec tant d’éclat dans les sciences et la littérature savante, paraissent moins propres que les autres Italiens aux ouvrages d’imagination et d’esprit. Parmi les grands poètes et artistes Italiens, on en chercherait vainement un né sur les bords de la Dora. Alfieri lui-même est beaucoup plus remarquable par la force de ses sentimens et l’énergie de son style, que par la richesse de son imagination ou l’harmonie