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REVUE. — CHRONIQUE.

Législative ? De pareils ouvrages ne sont bons qu’à faire la réputation de l’auteur.

M. Guizot n’est pas si riche, et n’achèvera peut-être jamais le livre qu’il a commencé. L’évènement a dépassé toutes ses prévisions. Il avait bâti des myriades de systèmes pour démontrer que Louis xvi ayant joué en France le même rôle que Charles Ier, la branche aînée des Bourbons devait avoir même destinée que les Stuarts. Jusque-là, tout allait bien. Il n’avait qu’un reproche à craindre, celui de rester fort au-dessous du baron de Staël, qui avait institué dans ses Lettres sur l’Angleterre un mécanisme historique bien autrement ingénieux ; car il n’allait à rien moins qu’à vouloir établir qu’à un siècle de distance la France réfléchissait et reproduisait l’Angleterre.

Aujourd’hui, toutes ces explications et toutes ces prophéties n’ont plus rien à faire avec la marche des choses. M. Guizot est dépassé, et s’il voulait continuer son livre, il lui faudrait brûler les deux volumes publiés. Depuis qu’il a vainement attendu que la France prît la peine de réaliser ses rêves, il ne lui reste plus qu’un parti, c’est de la maudire et de la mépriser, et Dieu sait s’il s’en fait faute. La Sorbonne ne lui suffit plus, mais il récite à la tribune, comme dans sa chaire, ses leçons d’histoire.

Resteraient maintenant pour l’Académie des candidats qui n’ont pas songé un seul instant à briguer ses votes, mais qu’elle devrait aller chercher pour se rajeunir et se renouveler. Puisque MM. Thiers et Guizot auront, quand ils voudront, la pairie, puisqu’ils siègent au conseil d’état, et que d’un jour à l’autre ils sont en passe de ressaisir un portefeuille, ce n’est pas à eux qu’il faut songer. Il est honteux pour un corps littéraire qui prétend réunir les plus beaux noms de la poésie et de la littérature de ne pas compter dans son sein des noms tels de Béranger. Puisque la popularité lui échappe, c’est une belle occasion pour sortir d’embarras. Qu’elle députe vers le Dieu des bonnes gens ses plus habiles orateurs et qu’elle le supplie de prendre sous sa protection une institution décrépite et chancelante.

Mais soyez sûrs qu’elle n’en fera rien. Le bon sens et la raison le voudraient impérieusement. Mais elle ne saura pas profiter