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PHILOSOPHIE DE FICHTE.

DESTINATION DE L’HOMME.

LE DOUTE, LA SCIENCE, LA CROYANCE.

Selon Fichte, l’homme, aux premiers pas qu’il fait dans les voies de la méditation, commence par douter. Il arrive ensuite à la science, c’est-à-dire, à savoir son ignorance ; et de là, va bientôt se réfugier dans la croyance. C’est le cercle que parcourt inévitablement sa pensée.

Se prenant d’abord d’une vive curiosité sur le monde extérieur, sur sa nature intime, sur sa destinée, il demande à mille et mille systèmes la solution de ces insolubles problèmes ; il tourmente des innombrables transformations qu’il essaie de lui faire subir la grande équation qu’a livrée à ses méditations l’éternel géomètre ; mais il ne tarde pas à comprendre que ce n’est pas à sa misérable algèbre, à ses débiles mains qu’il a été donné d’en dégager la redoutable inconnue. Un trouble étrange s’empare alors de son esprit ; pour la première fois, il conçoit, il touche, pour ainsi dire, de ses propres mains le vide, le néant de la science, où naguère il se complaisait orgueilleusement. Il voit le monde réel qui reposait sur la science, qui pour l’homme n’existe que parce que l’homme le sait, chanceler sur sa base, se couvrir de ténèbres, se peupler de fantômes ; la terre manque sous lui, le cœur lui défaille ; et cependant, au-dedans de lui,