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chose, quelle personne vaut la peine qu’on se batte, si ce n’est un principe ?) Écrivez ou parlez ; si vous et le principe que vous défendez, vous êtes forts, vous êtes sûrs de triompher tôt ou tard. M. La Fayette a été le maître de Paris. M. Odilon-Barrot sera peut-être ministre. Voilà ce qui fait la force d’une constitution. Mais aussi la constitution, quand elle est forte et puissante, se met rarement en colère ; elle se contente de rafraîchir le sang aux conspirateurs par quelques jours de diète et de prison, puis quand ils sont assez punis, elle leur rend leurs chapeaux cirés et leurs gilets à la Robespierre, et elle les renvoie à leurs mamans, tout en leur recommandant d’être plus sages à l’avenir.

C’est assez parler conspirations, c’est assez parler bals et musique. Après le bal du roi, un Anglais s’est avisé de donner un bal aux partisans d’Holy-Rood. Cette fois la contre-danse a arboré la cocarde légitimiste, la chaîne-anglaise a arboré le drapeau blanc, la queue-du-chat a été henriquinquiste, les dames ont porté la livrée vert et blanc ; à la porte on distribuait un petit livret aux anciennes armes royales ; je ne jurerais pas que le souper n’ait eu aussi quelque bonne odeur de laurier ou de thym cueilli à Édimbourg. Quoi qu’il en soit, la fête a été complète. Les maîtres ont fait de l’opposition au-dedans. Les laquais ont soupé au-dehors. Le lendemain, on murmurait à Paris contre cette fête comme d’une inconvenance. Nous ne voyons pas ce qu’il y avait d’inconvenant à cela. Laissons la vie privée dans ses quatre murs ; laissons danser chacun comme il l’entend ; ne défendons pas le ruban vert, excepté aux brunes qu’il brunit davantage ; soyons bons enfans pour tout le monde, même pour les conspirateurs.

Ainsi a fait la chambre des députés. Le budget a été bien plus facile à voter que la liste civile. Seulement, quand on en est venu aux pensions, il y a eu quelques clameurs. L’opposition voulait supprimer les pensions de la Vendée, la majorité les défendait, s’appuyant sur un principe d’ordre public. On a dit à ce sujet que la sœur de Robespierre touchait une pension sous la restauration et sous l’empire. On a dit aussi que la nourrice de celui qui fut roi de Rome en naissant, touchait