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à l’auteur et doit faire quelque peine à l’ombre de lord Byron. Je ne parle pas de la Princesse Aurelie, que le poète a lui-même appréciée en la retirant du théâtre. Toutes ces idées qui dans quelques années, dans quelques mois peut-être, auront acquis une évidence triviale, trouveront peut-être aujourd’hui quelques esprits incrédules et rétifs. Mais qu’importe ? le devoir de l’historien n’est-il pas d’enregistrer les faits à mesure qu’ils s’accomplissent, d’en rechercher les causes et de les discuter soigneusement comme nous l’avons fait ? L’avenir fera le reste.

Venons à Teresa. C’est un drame où abondent toutes les qualités et tous les défauts particuliers à M. Alexandre Dumas.

La scène s’ouvre par une conversation entre Amélie et Arthur qui doivent se marier dans quelques jours. Arthur raconte comment il a connu à Naples une Italienne, Teresa qu’il a sauvée et recueillie dans une barque, pendant une éruption du Vésuve ; comment il l’a aimée d’un amour ardent ; il ajoute qu’il l’a demandée en mariage et qu’il n’a pu l’obtenir. Amélie, bonne et douce jeune fille, ignorante et naïve, et qui croit, dans son innocence, que les passions éteintes ne se rallument pas, conçoit et pardonne l’amour d’Arthur pour une autre femme, se confie dans ses sermens, et se livre à ses espérances de bonheur avec toute la sérénité d’un ange. Le père d’Amélie, le baron Delaunay donne un bal ce soir même et annonce à sa fille et à son gendre l’arrivée de sa nouvelle épouse qu’il attend d’un moment à l’autre, d’une Italienne qu’il a connue à Naples, et qu’il a prise en secondes noces, lui vieux et presque sexagénaire, elle jeune et belle, âgée de vingt ans à peine. Arthur frémit en écoutant le récit de son beau-père, et tremble déjà comme s’il pressentait le crime qui va s’offrir à lui ; on annonce la baronne Delaunay : Arthur se retourne et reconnaît Teresa. Il lui donne la main pour passer dans la salle de bal. La toile tombe.

Ce premier acte est bien posé et prépare habilement ceux qui vont suivre. Le second et le troisième manquent d’animation et de rapidité. Arthur et Teresa luttent vainement contre le destin qui les emporte. Arthur veut fuir et quitter Amélie. Teresa, placée entre la crainte de découvrir à son mari la passion qui la dé-