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REVUE DES DEUX MONDES.


Comme en un bois mouillé de pluie,
Sitôt que le soleil l’essuie,
On sent mieux le parfum des fleurs ;
Ainsi peut-être, ô mon amie,
Faut-il, pour bien goûter la vie,
La respirer après les pleurs !

Oh ! prenez-moi sous votre voile ;
Mettez dans ma nuit votre étoile ;
Remorquez mon esquif errant.
Menez mon âme avec votre âme ; —
Je ne saurais tenir la rame,
Je me perdrais sur le courant.

Viennent le soir et la rosée,
La tige, au soleil épuisée,
Va sourire et se ranimer ;
Viennent vos larmes, et peut-être
Je vais respirer et renaître,
Je vais fleurir, je vais aimer.

Ou bien, si la sève est tarie,
Dans votre sein, quoique flétrie,
Mettez la fleur au moins un jour ;
Si mon front effeuillé se penche,
Souffrez qu’en votre âme j’épanche
Tout ce qui reste en moi d’amour.


a. fontaney