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LE MESSAGE.

J’ai toujours eu le désir de raconter une histoire simple et vraie, à la lecture de laquelle un jeune homme et sa maîtresse fussent saisis de terreur et se réfugiassent au cœur l’un de l’autre comme deux enfans qui se serrent en rencontrant un serpent sur le bord d’un bois.

Au risque de diminuer l’intérêt de ma narration ou de passer pour un fat, je commence par annoncer le but de mon récit ; et, comme j’ai joué un rôle dans ce drame presque vulgaire, s’il manque d’effet, la faute en sera certes à la vérité historique et à moi ; car il y a des choses vraies souverainement ennuyeuses : le talent consiste à bien choisir.

En 1822, j’allais de Paris à Moulins ; et l’état de ma bourse m’obligeait à voyager sur l’impériale de la diligence. Les Anglais regardent ces places situées dans cette partie aérienne de la voiture comme les meilleures ; aussi, durant les premières lieues de la route, je trouvai mille raisons excellentes pour justifier l’opinion de nos voisins.

Un jeune homme, qui me parut être un peu plus riche que je ne l’étais, se trouvait, par goût, près de moi, sur la banquette. Il accueillit mes argumens par des sourires inoffensifs. Bientôt,