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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

Les hommes qui sont allés enterrer le corps de leur parent, lui élèvent un monument grossier, et passent le reste de la journée à danser et à chanter autour de la tombe. À la nuit, ils disent adieu au défunt, et retournent vers son ancienne demeure, qui, jusqu’au matin, offre une scène non interrompue de débauches et de désordres.

Pendant le temps du veuvage, la principale femme ne travaille pas ; les autres lui apportent sa nourriture. Ce n’est qu’après l’expiration de deux lunes qu’elle peut accepter un autre mari. Ce terme arrivé, les neveux du défunt se partagent ses biens : les fils n’héritent de rien. Lorsque les neveux ont enlevé ce qui leur convient, on brûle la maison, ainsi que la petite cabane qu’a occupée la principale veuve. Les parens se réunissent ; chacun apporte quelque chose pour la fête à laquelle prennent part toutes les veuves, qui peuvent alors se remarier. C’est à qui s’enivrera le mieux à cette fête, qu’on nomme pour cela la fête d’oubli. Dans les pays civilisés de l’Europe, une veuve chargée d’enfans trouve rarement à se remarier ; à Cunhinga c’est tout le contraire : elle rencontre d’autant plus facilement un mari, qu’elle a plus d’enfans, parce que ceux-ci sont obligés de travailler pour leur beau-père, et deviennent responsables de ses crimes. Dans le pays de Cunhinga, un enfant est circoncis une heure après sa naissance ; on recueille le sang qui découle de la plaie ; le père l’offre aux dieux protecteurs de sa maison. Il en verse sur le seuil de la porte et dans le feu, et en frotte la marmite qui doit servir à cuire la nourriture de son fils. Lorsque la plaie est guérie, le père porte l’enfant au temple de ngurulu ienène, et le prie de le prendre sous sa protection ; dès ce moment, il ne s’occupe plus de lui jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge d’aller à la chasse.

Ce peuple ne déclare jamais la guerre sans consulter d’abord son dieu. Le souverain, revêtu de ses habits de cérémonie et des marques distinctives de sa dignité, suivi de ses nobles et de toute la multitude, se rend au temple de Ngurulu ienène ; on sacrifie une victime, quelquefois même un homme, lorsque l’on croit que le dieu l’exige. Le prêtre se place sur une