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me fit offrir de nouveau ses services et sa protection. Un de ses fils et son neveu vinrent ensuite, par son ordre, pour veiller à ce que chacun me traitât avec respect. La présence de ces deux personnages ôtait à quiconque aurait voulu me faire du tort l’espoir de n’être pas connu. Je fus satisfait de cette marque d’attention qui garantissait ma sûreté. Quelques présens me gagnèrent la confiance des deux jeunes gens. Ils m’avouèrent que Cunhinga était réellement irrité contre les prêtresses du dieu Nanqui, pour avoir déclaré que sa volonté était que l’on me protégeât ; cet oracle avait obligé Cunhinga de s’abstenir de tout mauvais procédé envers moi, pour éviter que le peuple pût jamais l’accuser d’être la cause des malheurs qui dans la suite pourraient affliger le pays. Ce peuple, excessivement superstitieux, est soumis aveuglément aux volontés des sorciers ; il sacrifie des victimes humaines, tantôt pour apaiser la colère des dieux, tantôt pour satisfaire ses goûts sanguinaires. Regardant les blancs comme ses ennemis, parce qu’il a entendu dire que ses pères les haïssaient, il songe à leur faire du mal, non pour venger une injure particulière, mais parce qu’ils chassèrent jadis le roi d’Angola de ses états. Il les reconnaît néanmoins comme tellement supérieurs aux nègres, que deux de ceux-ci n’oseraient pas s’avancer contre un blanc. Les nègres du Cunhinga sont plus petits et moins courageux que ceux du Bihé. Ils sont bien faits et robustes. Accoutumés à vivre au milieu des forêts, ils ne songent qu’au vol et à la rapine. Ils ne s’épargnent pas entre eux, pour s’approprier une bagatelle qui leur fait envie.

Les dieux ont des temples qui sont déserts. On les consulte plutôt par coutume que par respect. Ngnuvulu, le grand dieu de la foudre, inspire une terreur excessive à ces nègres, par les ravages qu’il cause fréquemment. Une des superstitions les plus remarquables est celle du tronc de la divination, ou vérité dévoilée, mais sur laquelle je n’ai pu recueillir que des notions très imparfaites.

Bandu est le dieu de la santé ; mais très souvent, tandis qu’on lui offre des sacrifices, le malade meurt avant qu’on ait eu le temps de lui administrer les médicamens qui auraient pu lui sauver la vie.