Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/440

Cette page a été validée par deux contributeurs.
425
VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

choisir parmi ses sujets, dont il répondrait. La suite m’a prouvé qu’il ne s’abusait pas.

La grande quantité de ballots de marchandises que je trouvai dans la banza, où je les avais envoyés depuis six mois avant mon départ de Loanda, exigeait beaucoup de porteurs. Je n’eus pas de peine à me les procurer. Comme ceux que je renvoyais s’étaient montrés très satisfaits, ce fut à qui, parmi les habitans de la banza, entrerait à mon service. Le soba n’eut que la peine de choisir.

J’avais lieu d’être très satisfait de ce chef. À l’arrivée des nègres qui portaient mes marchandises, il leur avait indiqué des maisons pour les déposer, et il avait défendu à ses sujets de rien demander à mes pombeiros. Il avait veillé à ce que ceux que j’avais chargés du soin de cette caravane ne fissent pas des dépenses extraordinaires. Ses attentions et sa prévoyance méritaient d’être récompensées.

J’étais enchanté de la bonne mine de mes nouveaux porteurs. Grands, robustes, agiles, courageux, l’œil fier et le regard intrépide, ils auraient inspiré de la confiance au voyageur le plus timide. Quelques peaux autour de leurs reins, la giberne devant l’estomac, la massue et la hache ou l’arc à la main, le fusil sur l’épaule, ils avaient réellement l’air martial. Avec de tels hommes j’augurai favorablement de mon entreprise. Voyant l’empressement de tout mon monde pour continuer le voyage, j’annonçai ma détermination au soba. Quoiqu’il éprouvât des regrets de me voir partir, il me souhaita toute espèce de prospérités en recevant mon présent d’adieu, il m’accompagna même à-peu-près à une demi-lieue pour boire une bouteille à ma santé.

En allant du Bihé vers le nord, on traverse de nombreux villages. Le mélange de la langue bunda avec la benguela indiquait que les habitans avaient des communications avec les peuples qui habitent plus au nord. Dans le quatrième village, j’aperçus des vieillards nègres assis sous des arbres, qui ne témoignèrent aucune curiosité quand je passai. Ils avaient l’air rêveur et ne parlaient pas. Je fis arrêter ma caravane, et j’allai m’asseoir à côté d’eux. Après une courte conversation, je leur offris un verre de