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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

quatre-vingt-dix grains. L’on peut regarder soixante-dix comme le terme moyen. C’est à la hauteur de plus de sept cents toises au-dessus du niveau de l’océan que j’ai vu du froment pour la première fois dans ces contrées.

La banza de Quipeio, où j’allai ensuite, est à six cent cinquante-six toises au-dessus du niveau de l’océan. L’air y est frais et la chaleur toujours modérée. Dans le mois de septembre, le thermomètre y marque ordinairement 17° à huit heures de matin, 19° à midi, 20 à deux heures après midi, et 16° à huit heures du soir. Pendant la nuit, le froid y est sensible. La rosée y est si abondante, que le matin on pourrait croire qu’il est tombé de la pluie.

Je ne m’arrêtai pas long-temps chez ce soba ; pendant trois jours, je parcourus de vastes forêts très épaisses, dans lesquelles nous vîmes un assez grand nombre de zèbres et de traces d’éléphans. Nous y cheminâmes fort tranquillement, et les porteurs, malgré leur lassitude, étaient joyeux. En y pénétrant, j’observai que le terrein s’élevait sensiblement ; la rapidité de quelques ruisseaux l’annonçait. Le troisième jour de marche, la différence était d’environ trois cents toises. La végétation était plus belle que dans les cantons voisins de la côte, le sol me parut plus fertile, un gazon verdoyant et touffu le couvrait.

Quand j’arrivai dans la banza du soba du Bihé, je vis avec satisfaction qu’il m’avait fait préparer quelques maisons pour me loger. Il avait très bien reçu mes envoyés, il les avait admis à sa cour, et leur avait indiqué une demeure chez un de ses principaux nobles.

Je fis donner à ce soba un baril de tafia, dix pièces d’étoffes et quelques ornemens pour ses femmes. Il m’envoya aussitôt un de ses nobles, pour me remercier en son nom et m’annoncer sa visite.

Il ne tarda pas à venir. Il était accompagné d’une grande foule, et de presque tous ses nobles. Il m’offrit des vivres, entre autres quelques pintades et un jeune taureau. Il fit ensuite un signal aux joueurs d’instrumens, qui exécutèrent des