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VOYAGE DE DÉCOUVERTES.

se passa sans accident. Mais quand le jour parut, un nègre, s’étant écarté pour une cause quelconque dans une partie de la forêt très épaisse qui se dirigeait vers le sud, fut saisi par des panthères, qui le mirent en pièces avant qu’on eût pu le secourir.

Nous passâmes le Catumbela de bonne heure, et dans le plus grand ordre, afin d’éviter toute surprise. À midi nous arrivâmes dans les maisons que le soba m’avait fait préparer. Elles étaient bien fournies de bois, d’eau et de oualo. Les femmes étaient presque nues. Elles ornent leur chevelure de grains de verroterie et de rubans. Un morceau de pagne, attaché au sommet de la tête, leur pendait sur les épaules.

Ces nègres se frottent le corps avec la graisse des animaux qu’ils mangent. Cette coutume est nécessaire pour empêcher la peau de se gercer dans un pays où le soleil est si ardent.

Les hommes sont grands, robustes et bien faits. Ils portent autour des reins les peaux des animaux qu’ils tuent à la chasse. Ils se couvrent le dos, les épaules d’une autre peau dont ils nouent les pattes sous leur menton. Ils ont la tête rasée à l’exception d’une mèche de cheveux qu’ils laissent au-dessus de chaque oreille. Ils ont ordinairement le fusil sur l’épaule, la hache au côté droit, une giberne sur l’estomac, la tabatière à gauche ; ils s’asseyent peu, parlent debout à ceux avec qui ils ont quelque affaire à traiter, et s’occupent continuellement de la chasse.

Leur manière de chasser le lion est assez remarquable. Quand ils ont découvert les traces d’un de ces animaux, ils creusent des fosses très profondes au pied du tronc d’un arbre auquel ils attachent une chèvre ou un mouton. Ils recouvrent ensuite avec soin ces trous, et vont se cacher dans un lieu d’où ils peuvent épier le moment où le lion viendra pour enlever sa proie ; quand ils s’aperçoivent qu’il est tombé dans le piège, ils vont lui tirer quelques coups de fusil ; mais ils ne se hasardent pas à descendre dans la fosse avant de s’être assurés qu’il est mort. Cependant ils ne s’éloignent pas, de crainte que les hyènes n’accourent pour dévorer le cadavre. Il n’est pas étonnant que les nègres de cette banza (ville) aiment beaucoup la chasse au lion, car on maintient scrupuleusement une loi ancienne qui oblige le soba à donner