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encore, la mine la plus féconde à exploiter dans l’intérêt des connaissances ethnographiques et géographiques, des sciences physiques et de l’histoire naturelle.

Cette espèce de vogue des découvertes en Afrique a porté d’heureux fruits, car elle a provoqué de nouvelles explorations, et sans parler des efforts qu’elle a pu obtenir de gouvernemens amis des sciences autant que des intérêts commerciaux, nous lui devons d’avoir inspiré à des hommes courageux et désintéressés cette ardeur de gloire qui fait braver tous les périls, surmonter tous les obstacles.

C’est à elle que nous devons les mémorables voyages de Caillié et de Douville, qui, sans autre appui qu’un noble courage, ont su accomplir à eux seuls des explorations du plus haut intérêt.

Une nation voisine, notre émule sans doute plutôt que notre rivale, peut se vanter de ses constans efforts pour l’avancement des découvertes en Afrique, et citer avec orgueil les expéditions des Mungo-Park, des Clapperton et des Lander ; mais c’est à la France seule qu’il est réservé de citer des expéditions non moins remarquables exécutées par de simples citoyens, avec leurs propres ressources, et sans autre perspective que celle d’acquérir un peu de renommée.

Je n’ai point à répéter ici quels travaux et quelles fatigues ont fait de l’obscur Caillié l’un des voyageurs les plus célèbres de notre époque ; mais je viens dire quelques mots de l’exploration de Douville, non moins digne d’intérêt par son importance et ses dangers, plus remarquable par les matériaux de tout genre dont elle vient enrichir le domaine des sciences.

Déjà pendant douze années, Douville avait sillonné de ses voyages les mers et les terres d’Amérique et d’Asie : il avait, d’un côté, parcouru le Pérou, le Chili, surtout la Patagonie ; de l’autre il était allé, par la Turquie et la Syrie, visiter l’Inde. Maintenant il revient d’Afrique.

Un itinéraire de plus de deux mille lieues soigneusement tracé chaque jour sur une carte routière en douze énormes rouleaux, et décrit dans un journal continu de plus de quinze cents