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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

les cartes avec leur position précise ; c’est d’après son exemple que cette troisième donnée géographique est devenue de rigueur. Comme une carte marine perd tout son prix quand elle n’indique pas la profondeur des eaux, de même il fit sentir que la représentation d’un pays n’offre une grande utilité qu’en figurant tous ses reliefs avec exactitude, aux yeux du cultivateur, du militaire et de l’ingénieur.

Depuis qu’une révolution triomphante a attiré sur son théâtre une foule immense d’étrangers cosmopolites, militaires, spéculateurs, naturalistes, chaque jour voit publier, sur toutes les parties de l’Amérique, des remarques curieuses, des faits nouveaux, des aperçus plus ou moins délicats, des détails statistiques plus ou moins exacts, mais fort peu de données positives sur la géographie pure. On a sujet de regretter tous les jours, au milieu de cette surabondance de matériaux, que l’astronomie soit si rarement au nombre des connaissances des voyageurs. On doit attendre beaucoup plus des perfectionnemens apportés aux cartes par les officiers de nos stations navales, et du concours d’opérations systématiques que plusieurs des nouveaux états se proposent d’ordonner. Cette espérance s’est déjà complètement réalisée pour la Caroline, la Virginie, le Missouri et l’Illinois. Applaudissons aussi à ces jeunes républiques de la Plata et de Bolivia, qui s’empressent, en élevant des observatoires, de rivaliser avec les vieux états d’Europe. Voyons enfin dans la navigation des fleuves, dépouillée de ses lenteurs et de ses périls par l’admirable application de la vapeur, dans l’exploitation des mines reprise avec ardeur, et dans l’ouverture d’une foule de canaux et de routes, des ressources incalculables pour les progrès de la géographie de l’Amérique. Espérons que cette science ne sera pas retardée par les discordes intestines et les rivalités des républiques ; elle a souvent profité des succès militaires lorsque la civilisation était aux prises avec la barbarie, mais la guerre civile fut toujours son ennemie mortelle.

Dans cette Europe nouvelle, dont la rivalité nous menace et nous excite, l’avenir de la géographie est brillant et promet des merveilles ; il ne s’agit plus seulement de connaître le pays, on