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d’Oregan, et maîtres des côtes entre les quarante-deuxième et cinquante-quatrième degrés de latitude, appellent leurs concitoyens à peupler les déserts qui les séparent ; et les Russes, possesseurs du contour de la mer de Behring, ont déjà colonisé la rivière de Cook, la baie de Yacoutal, et les îles Ounalashka, Saint-George, Saint-Paul, Kodiah et Sitka. Leurs navigateurs, Lisianskoy, Golownin, Etolin, Krenitzin, Hagemeister, Chramtschenko, Oustiagoff et Stanikowitch, ont perfectionné l’hydrographie de ces parages, dont l’intérieur laisse encore tant à désirer. À ces noms il faut ici réunir ceux de Kotzebue et de Wassilief, qui ont tenté, par le détroit de Behring, le passage du nord. Le premier a découvert une vaste baie, le second a rencontré l’île Nuniwak, et pénétré dix-neuf milles au-delà de ce cap glacé, nouvelle colonne d’Hercule ; mais, s’il avait été plus heureux que Cook, il devait être à son tour dépassé par la corvette et la chaloupe de Beechey, du voisinage desquelles Franklin eut le malheur de douter. Nous n’aurons pas cité la belle campagne du Rurick sans payer un tribut d’hommages à la mémoire de son libéral armateur, de ce comte Romanzoff, le premier sujet qui rivalisa avec les rois par la noble entreprise d’un voyage maritime de découvertes.

On s’était écarté des établissemens de la Louisiane et du Canada pour pénétrer à une distance considérable dans l’intérieur de l’Amérique ; mais les parties boréales de ce continent n’étaient connues que par les rapports des coureurs indiens, lorsque leurs descriptions d’un fleuve qui coulait auprès de riches mines de cuivre donnèrent naissance au voyage de Hearne, qui explora en 1770 le pays au nord de la baie de Hudson, visita la rivière annoncée, et fut le premier Européen qui contempla la mer glaciale américaine. Vingt années s’écoulèrent, et Mackenzie, partant du fort Chipiouyan sur le lac des Montagnes, se porta à l’ouest de la route de Hearne, et atteignit la continuation des mêmes rivages à l’embouchure du fleuve qui conserve son nom. Plus tard il vit aussi ceux du grand Océan, lorsque après avoir dépassé les montagnes Rocheuses, il descendit la rivière des Saumons jusqu’à ces plages récemment explorées par