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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

et particulièrement Kosiak et Ounalashka, où ils firent de bonnes observations astronomiques. Cook et La Pérouse apprirent à l’Europe quels succès étaient promis à qui voudrait rivaliser avec les Russes dans le commerce des fourrures, et des spéculateurs hardis accoururent dans ces parages, où la dépouille des animaux des mers et des forêts leur présentait des sources de richesses. Parmi les navigateurs commerçans qui explorèrent ces côtes avec talent et activité, plusieurs rendirent d’éminens services à la géographie ; on aime à rappeler les noms de James Hanna, Lowrie, Guise, Meares, Douglas, Berkeley, Portlock, Dixon, Duncan, Colnett, Kendrick, Gray, Marchand et Chanal.

Les Espagnols se voyaient punis de leur sécurité et de leur apathie. Cook avait terminé son voyage quand deux corvettes, qui, dès 1776, sous les ordres de Quadra et de Maurelle, avaient dû reconnaître la côte nord-ouest d’Amérique jusqu’au soixante-dixième degré, parurent sous le mont Saint-Élie, devant la baie du prince Guillaume, et à l’entrée de la rivière de Cook. D’autres expéditions attendirent que la paix fut consolidée de l’autre côté du continent ; et ce ne fut qu’en 1788 que Martinez et Lopez de Haro confirmèrent les inquiétudes de leur gouvernement, en visitant les premières factoreries des Russes. Martinez fonda l’année suivante un établissement à Noutka, dont le port, maladroitement négligé, semblait être devenu le rendez-vous de tous les vaisseaux étrangers qui bravaient sur ces bords nouveaux les prétentions de l’Espagne. Un troisième armement sortit bientôt de San-Blas ; Elisa et Fidalgo ajoutèrent de nouvelles reconnaissances à celles de leurs prédécesseurs.

Les Anglais avaient eu la prétention d’aborder partout en découvreurs, et il était assez naturel qu’ils ne cherchassent pas à sonder à cet égard les mystères des Espagnols. Quelque conflit devait résulter de cette ignorance volontaire, du moment où les deux nations viendraient à convoiter la même proie. Ce fut aussi ce qui arriva en 1789, quand la possession de Noutka fut sur le point d’allumer la guerre entre les deux puissances. La cour de Madrid usa d’une grande modération en abandonnant