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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

bords du Rio Bravo del Norte, et eurent Santa-Fé pour capitale en 1682.

À la côte ferme les conquêtes avaient eu peu de succès, elles avaient inspiré au contraire la plus vive horreur pour le nom espagnol ; on essaya le système des missions, les capucins s’établirent en 1651 à Cumana, et les Franciscains cinq ans après à Piritu. Les capucins d’Aragon se fixèrent à Venezuela, et leurs armes évangéliques y furent plus heureuses que cent cinquante années de combats continuels : ils convertirent une foule de tribus, fondèrent plusieurs villes et des réductions. En même temps les Français, les Anglais et les Hollandais se disputaient la possession de la Guyane. Des missionnaires franciscains, gagnant du terrein pied à pied, traversaient l’Orénoque, et s’étendaient dans un espace de cinq cents lieues jusqu’aux rives du Rio Negro, précédant les religieux capucins qui fondèrent ensuite des missions dans ces contrées si peu connues encore de nos jours, et en couvrirent les plaines de nombreux troupeaux.

C’est dans cette vaste portion de l’Amérique, comprise entre l’Amazone, l’Orénoque, les Cordilières et l’Atlantique, que fut placé le berceau de la fable géographique la plus célèbre, celle du pays d’Eldorado, source inépuisable de richesses. À l’époque de la découverte, les Péruviens, les Indiens de Venezuela et ceux de Bogota en parlèrent simultanément. Sa recherche excita le zèle avide de plusieurs hommes entreprenans, et les découvertes qu’elle occasionna en firent un épisode remarquable dans l’histoire de la géographie. Tous les rapports semblaient s’accorder pour mettre ce pays au centre de la Guyane. Les plus grands efforts furent tentés du côté de Venezuela, et l’expédition la plus saillante eut pour chef le chevalier allemand Philip de Hutten, qui conduisit en 1541-5 une petite troupe d’Espagnols de la côte de Caraccas jusqu’aux environs du lac Parimè auprès d’une ville des Omaguas, dont il exagéra l’importance. Une entreprise moins heureuse encore fut dirigée vers cette opulente région, une vingtaine d’années après, par Pedro Malaver de Silva. En 1586, Antonio Berrio y Oruna, séduit par la même espérance, descendit de la cordilière de Bogota dans les