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guère que par occasion du gouvernement civil, des mœurs, de la population, du commerce, des productions ; ce qui les occupe exclusivement ce sont les prodiges dont le souvenir s’est perpétué dans certains lieux, les reliques qu’on y conserve, les temples, les monastères, le nombre des Samanéens qui y habitent. Ce dernier point surtout est toujours présent à la pensée de l’auteur dont nous venons de suivre l’itinéraire. Il y a des pays dont il ne dit rien du tout, si ce n’est que la loi de Fo y est florissante et qu’on y voit vingt monastères et trois mille religieux. Il en compte soixante mille dans l’île de Ceylan, et cinq ou six mille dans la capitale seulement, lesquels vivaient aux dépens du roi. Le nombre des religieux mendians qu’il a relevé dans ses courses est vraiment prodigieux, et c’est là un fait qui n’est nullement indifférent pour l’histoire civile des peuples orientaux. C’en est un autre que l’immense quantité de temples et de tours vulgairement appelées pagodes qui existaient à cette époque dans le nord de l’Inde, dans l’orient de la Perse, dans la Tartarie méridionale. Quelques-unes de ces constructions doivent avoir été des monuments magnifiques. On en cite un de deux cent seize mètres ou de plus de deux fois la hauteur de la flèche des Invalides à Paris. Des parties considérables de ces temples étaient dorées, ou couvertes de riches peintures ou d’ornemens précieux. Un autre temple, dans le midi de l’Inde, était à cinq étages et taillé dans une montagne. Le premier étage avait la forme d’un éléphant, le second celle d’un lion, le troisième celle d’un cheval, le quatrième celle d’un bœuf, et le cinquième celle d’une colombe. Les cinq ensemble contenaient quinze cents salles toutes arrosées par une source qui descendait de l’étage supérieur. On ignorait l’époque précise où devaient remonter ces immenses excavations dont on admire encore de somptueux vestiges à Salcette et à Élephanta, et que les savans de Calcutta croient tout-à-fait modernes. Le témoignage d’un contemporain nous apprend qu’il en existait dès le commencement du cinquième siècle, et qu’elles remontaient vraisemblablement à une époque beaucoup plus ancienne.

Tel est le genre d’utilité qu’on trouve dans les relations des