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ADMINISTRATION FINANCIÈRE DES ÉTATS-UNIS.

tocratie, celui où une minorité exerce la puissance ; et la démocratie enfin prend la majorité pour volonté déterminante. Quant à supposer que la monarchie, l’aristocratie et la démocratie puissent coexister avec une puissance égale, ou avec quoi que ce soit qui ressemble à une puissance égale en dernière analyse, paisiblement et au sein de la même communauté, ils croient que c’est une chimère. Il est facile d’avoir les noms de ces trois formes ; mais ils pensent qu’en réalité ils se détruiraient mutuellement. Ils ont préféré une démocratie, parce que tel était véritablement le gouvernement fondé par leurs pères. Ils ont opposé plusieurs obstacles à la précipitation ou à la corruption de la législature ; ils ont imaginé des moyens pour empêcher ceux qui sont chargés de l’exécution des lois, de prétendre les faire. Leurs institutions sont pleines d’obstacles ; mais ils ont évité la balance des pouvoirs, comme un moyen certain de multiplier des contestations dangereuses. Dans toutes les circonstances, ils ont pris le peuple comme arbitre en dernier ressort. Ils ont créé un président, auquel ils ont confié le commandement de leurs armées et de leurs flottes, l’exécution des lois, et en même temps la faculté de s’opposer à la volonté législative, selon les conseils de son expérience et de sa sagacité. Mais ils l’ont placé lui et sa magistrature également à la disposition du peuple. Le président des États-Unis peut user, et a récemment usé de son veto ; car personne n’est jaloux de son application. Mais il y a bien long-temps qu’un roi d’Angleterre n’a osé exercer sa prérogative, car la conséquence inévitable serait un changement de ministère, ce qui équivaut quelquefois à un changement de roi. Les Américains peuvent réélire M. Jackson à la présidence, l’automne prochain, si cela leur plaît ; et avant l’automne prochain, ils peuvent constitutionnellement détruire entièrement sa magistrature. Ils ont des sénateurs, des représentans, des juges, pour faire aller la machine du gouvernement ; mais tous ces pouvoirs délégués sont à la disposition de la nation, en tant qu’elle représente les intérêts assemblés. Il en résulte définitivement la plus tranquille communauté que j’aie jamais visitée. Il est d’usage de dire que l’Amérique fait maintenant une grande expérience politique. Si le sentiment ordinaire de l’Eu-