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NOUVEAU
PROCÉDÉ D’IMPRESSION DE LA MUSIQUE.

La romance qui paraît dans le numéro de ce jour n’a pas été imprimée par le moyen ordinaire. Son exécution est due à un nouveau procédé entièrement typographique. Il est dans l’esprit de notre Revue, qui n’est indifférente à aucun des perfectionnemens introduits dans les arts, d’arrêter l’attention de nos lecteurs sur une découverte à laquelle on doit déjà d’heureux résultats, et qui doit être d’une grande utilité dans l’avenir.

La gravure est depuis long-temps presque seule en possession de reproduire la notation musicale, et les divers essais tentés pour détruire ce monopole n’ont fait que mieux l’établir. Cependant le tirage des planches gravées est fort dispendieux, surtout lorsqu’il s’applique à des publications à grand nombre. Il était à désirer qu’on trouvât le secret d’une concurrence qui vint favoriser la consommation.

La lithographie exécute à moins de frais ; mais l’imperfection de ses résultats en limite beaucoup l’emploi. Elle ne présente en général ni netteté dans le dessin, ni correction dans le texte.

Ajoutons que ni la lithographie, ni la gravure ne permettent d’imprimer avec élégance et à des prix modérés les ouvrages mêlés de texte et de musique.

Dès la fin du quinzième siècle, peu de temps après la découverte de l’imprimerie, on appliqua l’art de Guttemberg et de Schoeffer à la reproduction de la notation musicale. Les énormes livres de plain-chant qui pèsent sur les pupitres de nos églises sont exécutés avec des caractères mobiles. Chaque type représente une ou plusieurs notes avec des fragmens de portée. Ces fragmens de portée sont rapprochés, et de cette juxtaposition doivent résulter des lignes continues. Nous disons doivent résulter, parce qu’effectivement il n’en est rien. On voit toujours une lacune sensible entre deux caractères. De plus, dans cette exécution grossière, les caractères ne sont pas alignés, en sorte que les portées présentent sur leur longueur des étages infiniment peu gracieux pour l’œil.

Quand la notation musicale devint plus compliquée, les procédés furent perfectionnés, et les essais faits en Allemagne, en Angleterre et en France sont assurément fort estimables. Toutefois, on ne sortait pas de l’ornière : c’étaient toujours des notes ou des fractions de notes assises sur une fraction de portée, qu’on rapprochait pour obtenir une portée et des notes