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MARINE FRANÇAISE.

fisant de vaisseaux. Économiser sur le matériel de la marine, c’est s’exposer à de cruels mécomptes. Les députés et la nation doivent penser à cela. On n’improvise rien en marine, il faut donc toujours être à peu près paré, comme disent les matelots. Les Chambres doivent voter des fonds sans parcimonie ; le ministre doit les bien employer. Une chose qui nous paraît devoir appeler essentiellement l’attention de M. l’amiral de Rigny, c’est la manière dont se font les marchés ; il est si facile de tromper ! Il y a tant de degrés dans la hiérarchie administrative dont aucun n’a la plus petite part de responsabilité ! Construire, réparer, approvisionner et réorganiser les ports, réformer l’administration qui a vingt bras inutiles pour deux qui sont laborieux ; rendre à la marine la discipline sans laquelle elle doit périr un jour ; modifier le système de recrutement ; continuer de donner aux matelots les soins dont ils sont bien dignes ; veiller à l’instruction des officiers ; intéresser le pays à la marine en la lui enseignant à la tribune, dans les journaux, partout : tels sont les devoirs du gouvernement pour cette importante affaire. Le ministère, les chambres, la nation ont une part égale dans cette grande tâche. Pour nous qui sentons combien la France a intérêt à tenir un rang honorable parmi les puissances maritimes, nous travaillerons, autant qu’il sera en nous, à aider la nation, les chambres et le ministère.

Nous avons dit qu’on ne sait pas assez en France ce que c’est que la marine ; nous nous efforcerons de la faire connaître. Discussions, drames, tableaux, portraits, définitions, toutes les formes nous seront bonnes pour arriver au but que nous nous proposons. Nous appelons la coopération de tous les hommes spéciaux qui savent mettre la science et l’observation à la portée des gens du monde. Ce sont les salons qu’il faut commencer à instruire ; c’est à eux qu’il faut d’abord parler la belle et difficile langue de la marine. Que les marins qui se sentent capables de se faire précepteurs (et il y en a beaucoup qui le peuvent), viennent à nous. La littérature maritime est toute nouvelle en France ; elle est du plus