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MARINE FRANÇAISE.

ritimes, voilà ce qu’il nous faut pour occuper le rang que nous avons eu déjà, et dont, grâce au ciel, nous ne sommes pas déchus autant qu’on le prétend.

Nous avons parlé de la supériorité réelle des Anglais en marine ; constatons-la par des chiffres. La grande différence qui existe entre le nombre de leurs vaisseaux et de leurs marins et celui des marins et des vaisseaux de toutes les autres nations, ne prouve rien contre notre proposition ; c’est seulement un fait matériel qui établit le rang de l’Angleterre comme puissance, mais non comme peuple navigant.

La flotte anglaise se partage en trois escadres : l’escadre rouge, la blanche, la bleue. L’Angleterre avec la Russie est la seule puissance maritime qui ait adopté cette division, dont nous ne sommes pas à même de donner au juste la cause. Peut-être plus tard expliquerons-nous cette singularité.

L’état-major de la flotte anglaise n’a pas moins de 187 officiers-généraux. Cela est énorme et tout-à-fait hors de proportion avec le besoin du service. On crie beaucoup en France contre les amiraux qui sont à la tête de la marine ; ils l’écrasent, dit-on ; cependant ils ne sont que vingt-huit : un amiral ayant rang de maréchal ; un amiral honoraire, c’est-à-dire qui, par une nécessité d’économie, ne touche pas les quarante mille francs attribués au maréchalat ; neuf vice-amiraux, ayant rang de lieutenans-généraux ; dix-sept contre-amiraux, ayant rang de maréchaux-de-camp. Un cadre de réserve a été ouvert par une sorte de transaction fâcheuse ; il a reçu quatre vice-amiraux et un contre-amiral. Cela est mauvais. C’est un cadre de retraite qu’il fallait ouvrir, et y faire entrer, en leur donnant une douce existence, tous les officiers-généraux qui, ayant bien servi autrefois, ont droit à la reconnaissance de la patrie ; mais qui, vieux, malades, ou incapables, par une raison quelconque, d’aller à la mer ou de servir activement dans les ports, ne sont plus que de glorieuses traditions. Il y aurait justice dans de bonnes retraites, économie pour le budget, espoir d’avancement pour tout ce qui suit les amiraux.