Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/610

Cette page a été validée par deux contributeurs.
594
MARINE FRANÇAISE.

c’est que les nôtres sont en général plus instruits, et aussi bons manœuvriers. Nous parlons de ceux d’aujourd’hui que quinze ans de navigation continue ont formés, de telle sorte que dans toutes les mers, ils peuvent se montrer avec avantage. La bravoure ne leur manquerait pas plus qu’elle n’a manqué à eux ou à leurs devanciers sous le règne de Napoléon, ou pendant la guerre de la révolution. On sait assez que les combats de bâtiment à bâtiment n’ont presque jamais été défavorables à la marine française ; les batailles ont été malheureuses au contraire, et c’est une des raisons qui font croire à bien des gens que nous sommes inférieurs aux Anglais. La révolution et l’empire ont eu le tort de faire la grande guerre maritime ; ils ont perdu des escadres et des armées qu’il fallait ne pas exposer à ce malheur, parce qu’en effet, alors les Anglais nous privaient de manœuvres. Le personnel de notre marine était riche en hommes braves, mais pas en habiles commandans. Notre politique bien entendue serait d’éviter la guerre d’armée, et nous aurions encore tous les avantages que nous avons eus dans les rencontres particulières.

Quant à la construction de nos vaisseaux de guerre, c’est un art aussi avancé en France qu’en Angleterre ou aux États-Unis. Si quelques-uns de nos bâtimens sont moins bons que ceux des Anglais, ce sont nos corvettes et les autres navires légers qui ont, chez nous, le tort d’être trop faits comme les gros vaisseaux. Cette extrême solidité, qui a son bon côté assurément, a cet inconvénient de rendre quelquefois un peu lourds des bâtimens dont le premier devoir doit être de marcher vite[1].

  1. On lit, dans un excellent rapport fait par M. Duperré (contre-amiral, commandant la station des Antilles), et adressé au ministère le 11 décembre 1819 : « Les vaisseaux aujourd’hui en construction (dans les chantiers des États-Unis) sont des vaisseaux à deux ponts mais leurs dimensions principales sont plus fortes que celles des vaisseaux à trois ponts des marines européennes. Leur longueur est de